Shôtaro Ishinomori - Cyborg 009, Sabu et Ichi...

[Cyril]

Il y a déjà un sujet sur Osamu Tezuka, mais pas un sur Shôtaro Ishinomori (1938-1998). Il faut dire que celui-ci n'a pas eu la chance d'avoir, durant longtemps, ses mangas édités en France. Certaines de ses oeuvres, comme Sankukai ou Nolan, avaient certes été adaptÃées en France mais peu en connaissaient l'auteur. Glénat et Kana nous ont heureusement permis de découvrir certains de ses mangas les plus connus.

Plus jeune que Tezuka, Ishinomori a été formé par celui-ci : le style graphique s'en ressent, de même que la narration, le découpage ou les histoires. Mais l'auteur sait adapter ces aspects pour avoir son propre style, particulièrement saisissant lorsqu'il change de style graphique d'une page à l'autre, faisant parfois des dessins proches de ceux des estampes comme lorsqu'il traite du célèbre Hokusaï. Je vais développer (plus ou moins) 3 exemples.

L'oeuvre la plus connue de l'auteur est Cyborg 009.



9 hommes et femmes de toutes origines transformés en cyborgs par Black Ghost, une organisation de marchands d'armes et qui vont la combattre. J'ai trouvé les premiers volumes trop enfantins mais l'auteur s'améliore par la suite, donnant lieu à des histoires vraiment intéressantes et touchantes. Le manga est édité par Glénat.



4 gros tomes sortis par Kana regroupent l'intégralité des chapitres. Le tome 4 est sorti en décembre et je viens de le finir. L'histoire se passe au début du dix-neuvième siècle : Sabu est un jeune détective, au service de l'oyabun (dont la fille, Midori, le trouve assez à son goût). Avec l'aide de son ami, Ichi, masseur aveugle mais très doué au sabre, il va devoir résoudre diverses enquêtes.

Sabu et Ichi est l'oeuvre d'Ishinomori que je préfère parmi celles que j''ai lues. Au cours des 3 pavés, on voit le style de l'auteur évoluer, ses histoires devenir parfois plus sombres au fur et à mesure des histoires : sexe, chantages, rancunes sont très présents et brossent un portrait passionnant de la société de l'époque. Le style graphique évolue aussi : on a l'impression que l'auteur tente des expérimentations dans certains chapitres, changeant de style graphique au fil de ceux-ci voire même à l'intérieur d'un chapitre pour surprendre le lecteur.

Les personnages eux-mêmes évoluent : leurs personnalités, leurs origines sont décrites dans certains chapitres. Sabu notamment, sans perdre totalement son innocence, devient plus sûr de lui, plus capable de résoudre ses enquêtes sans l'aide d'Ichi. Bien qu'il n'y ait pas de vraie fin ni même de fin ouverte, les situations évoluent également puisqu'au volume 3,

[shun]

pour le voyage de ryu pour ma part je n'ai gardé justement que ces 3 premiers tomes, le second arc ma beaucoup déçu, je préfère rester sur cette fin ouverte.
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[Gemini_]

Cyril >> Pour être tout-à-fait précis, Shotaro Ishinomori a été un des premiers mangaka publiés en langue française (dans Le Cri qui Tue), et peut-être même le premier sous la forme d'un volume relié, à travers l'album Le Vent du Nord est comme le Hennissement d'un Cheval Noir (lequel reprenait en réalité un chapitre de Sabu & Ichi).
Il a ensuite été oublié pendant longtemps, jusqu'à ce que Panini Comics essaye de publier une version de Kikaider (inachevée en France), et que Kana sorte Miyamoto Musashi. Nous avons aussi eu Les Secrets de l'Economie Japonaise chez Albin Michel.

[Bp]

Le Voyage de Ryu, tomes 1 à 3

Ma médiathèque n'a pas la suite, je m'arrêterai donc sans doute là. Mais la conclusion du tome 3 étant une belle fin, ce n'est pas trop grave.

C'est, dans l'ensemble, assez excellent, et pour ma part, je trouve ça beaucoup plus agréable que du Tezuka. Il y a chez Ishinomori une certaine âpreté que ne désarme pas son propos humaniste, puisque pour chaque progression du héros, chaque pas en avant, il y a une mise en garde, une nuance : il n'est pas question pour Ishinomori de faire d'un héroïsme grandiloquent son sujet. Ainsi, chaque arc se savoure avec une certaine appréhension, tant il paraît clair qu'en fait de quête, c'est une errance assez tragique, vouée à la déception, qui attend un héros têtu et revanchard. L'auteur n'hésite jamais à utiliser concepts et bulles explicatives pour faire avancer son histoire, mais c'est fait sans lourdeur ou didactisme excessif : dans l'état, Le Voyage de Ryu est un page-turner d'une grande efficacité, mais aussi une réflexion d'une certaine profondeur sur la nature humaine (que signifie être en haut de la chaîne alimentaire ?).

Un dernier mot sur les différents tableaux apocalyptiques offerts par la série : ils sont de toute beauté, et s'intègrent à merveille dans le genre catastrophe à la japonaise, entre ces paysages désolés qu recouvre une brume inquiétante, ces jungles luxuriantes peuplées d'animaux féroces et étranges, et ces villes du futur qui cachent des secrets inavouables.

Bref, une très belle série.

Edit : ah, au passage, le travail de Glénat sur ce titre est très honnête. Quelques coquilles ici et là, mais c'est propre et idiomatique, bien que le texte ne soit pas toujours facile. L'impression est bonne et le papier correct. Merci Stéphane Ferrand
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ALLIANCE, n. In international politics, the union of two thieves with hands so deeply inserted in each others pockets that they cannot separately plunder a third.

Ambrose Bierce

[ivan isaak]

J'ai beaucoup aimé Le voyage de Ryu, et même la fin de mon côté.

Il faudrait que je me procure la suite de Sabu et Ichi, que j'avais beaucoup apprécié également. Cyborg 009, je suis plus dubitatif tant les qualités sont inégales d'une histoire à l'autre, certaines n'étant qu'une redite d'une précédente...
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[Bp]

[ivan isaak]

Si je l'ai lu également : https://iletaitunefoisunmanga.wordpress.com/2014/04/04/kamen-rider-shotaro-ishinomori/

Dans l'ensemble, je trouve le titre assez moyen. Il s'agit du titre d'Ishinomori que j'ai le moins aimé.
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[Cyril]

Lu aussi. Je confirme que c'est assez médiocre et que ça manque cruellement de personnalité, y compris par rapport à un autre shônen de l'auteur comme Cyborg 009.

[scott_of_the_stars]

Concernant Kamen Rider, je ne puis qu'être d'accords avec vous. Ce n'est pas le meilleur de l'auteur, trop de doubles pages pour remplir plus vite, rien de bien vraiment développé... bof bof... heureusement que d'autres de ses bons titres sont traduits en VF !
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Un p'tit nouveau qui connait le forum et les sites depuis... ouh là...
Saute le pas pour parler manga, mais pas que. Lecteur de comics, fumetti et francos
Majoritairement en VF.

[Franswa]

Je ne connais l'auteur que de nom et de réputation mais le Voyage de Ryu me tente vraiment beaucoup.
Est-ce que le titre a bien vieilli sur le plan narratif, du scénario et des personnages?

[herbv]

�a a vieilli sur tous les plans. Je trouve que c'est devenu illisible. Il faut quand même reconnaître que c'est moins nul que Kamen Rider.
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Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair

[Franswa]

Pour faire dans un autre post-apo oldschool, j'ai beaucoup aimé L'école emportée malgré les signes évidents d'âge dans les méthodes narratives et dans les ficelles scénaristiques.
Ce Voyage de Ryû est donc tant que ça en décalage?

[herbv]

L'école emportée est plus ou moins une sorte de huis-clos horrifique, alors que Le Voyage de Ryu se veut être une aventure dans un monde post-apocalyptique. Et ça fait une sacrée différence au niveau de l'ambiance. J'avoue ne pas trop me souvenir de l'un ou de l'autre, mais il me semble que Le Voyage de Ryu était blindé de facilités (classique des shônen de cette époque) et que le propos était bien naïf. Surtout, je ne me suis jamais passionné pour les différentes péripéties proposées par Ishonomori...
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[EdenA]

Au contraire de Herbv, je trouve que c'est l'un des "classiques manga" qui a le mieux vieilli - tant narrativement que graphiquement. Bien mieux que la plupart des Tezuka et que les autres mangas de l'auteur. J'avais pris un réel plaisir à le parcourir.

[Shampoo]

Ce mois-ci est sortit "Eros X SF" chez Lezard Noir, une anthologie d'histoires courtes de l'auteur, avec surtout des themes de science fiction, ainsi qu'un texte sur l'auteur, j'ai trouvé ça vraiment interessant, je ne savais pas que c'etait un si "grand" auteur.