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[UTENA] un opéra révolutionnaire ?
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Linoa3006
Mangaversien·ne


Inscrit le : 22 Jan 2005

Message Posté le : 12/11/07 21:09    Sujet du message: Répondre en citant

Utena...quelle série...

J'ai découvert Shoujo kakumei Utena il y a bien longtemps sur Game One (Game one première génération). J'avais pris l'anime en cours et l'ambiance m'avait vraiment intriguée.
Je me souviens avoir trouvé les mangas en grande surface, je les ai lu et j'ai trouvé l'oeuvre incroyable...

...après je me suis lancée dans l'achat de l'anime que j'ai adoré également et qui m'a rappelé l'époque de Game One.

Je pose la question: qui après avoir découvert le manga ou l'anime n'a pas rêvé de devenir un prince ?

J'avoue que le complexe m'atteint toujours...
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cosmos
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Inscrit le : 02 Sept 2002
Localisation : Suspended between being a nobody, nothing and everything.

Message Posté le : 24/04/09 20:00    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis en train de finir la Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim, et un passage du chapitre consacré à la Belle au Bois Dormant m'a tout de suite fait penser à Utena. Certaines phrases sont plus pertinentes que d'autres, certaines ne collent pas directement à la série, mais dans l'ensemble ça m'a semblé expliquer pas mal de choses qu'on ne voit pas trop dans les analyses habituelles de cet anime. Je précise que l'ouvrage analyse la façon dont les contes de fées racontés aux enfants par des adultes (leurs parents notamment) peuvent parler à leur inconscient de problèmes qu'ils ressentent pendant leur enfance et leur adolescence, il ne traite pas des autres interprétations qu'on peut faire de ces contes.

De nombreux princes tentent d'approcher la Belle au Bois Dormant avant le temps de sa maturité ; tous ces prétendants trop hâtifs périssent dans les épines. Les enfants et les parents sont ainsi avertis que l'éveil sexuel qui se produit avant que le corps et l'esprit ne soient prêts est destructif. Mais quand la Belle est prête affectivement et physiquement pour l'amour, et en même temps pour l'expérience sexuelle et le mariage, la muraille qui semblait infranchissable tombe d'elle-même. Les gigantesques buissons d'épines se transforment en "belles et grandes fleurs" qui s'écartent pour laisser passer le prince. On trouve le même message dans bien d'autres contes de fées : "Ne craignez rien et n'essayez pas de précipiter les choses ; quand le temps sera mûr, le problème impossible sera résolu, comme de lui-même."

Le long sommeil de la belle héroïne a encore d'autres correspondances. Qu'il s'agisse de Blanche-Neige dans son cercueil de verre ou de la Belle au Bois Dormant sur son lit, le rêve adolescent d'une beauté et d'une perfection éternelles est bel et bien un rêve. La Belle au Bois Dormant qui, selon la malédiction originelle, devait mourir, n'est finalement condamnée qu'à un long sommeil, comme Blanche-Neige, ce qui montre bien qu'il n'y a pas de différence entre les deux héroïnes. Ceux qui ne veulent pas changer ni se développer n'ont qu'à demeurer dans un sommeil léthargique. Pendant leur sommeil, la beauté des deux jeunes filles est froide ; leur isolement est tout narcissique. La souffrance est exclue de ce repli sur soi-même qui ignore le reste du monde, mais en sont exclues également la connaissance et l'expérience de nouveaux sentiments.


Y a aussi un passage où pour qualifier cet état léthargique il parle de "mort au monde", dans le sens où le monde extérieur cesse d'exister pour celui qui n'en a pas conscience, que le temps s'arrête... Je vois mal comment on peut mieux décrire les raisons pour lesquelles le temps s'est arrêté dans l'académie Ohtori.

Pour revenir au passage cité, que ce soit les ronces qui bloquent l'accès au portail à la fin, l'image du cercueil régulièrement utilisée et dans lequel se trouve Utena ou Anthy, la léthargie de cette dernière... Je trouve qu'on peut établir des parallèles évidents entre ces deux Å?uvres (à se demander comment on peut ne pas l'avoir remarqué avant x)).

Ah, vous ai-je dit que le livre mentionne également le dédoublement de certaines figures ? Comme la mère dont le côté exigeant s'incarne en une marâtre détestable et le côté bon et aimable en une marraine-fée dans Cendrillon par exemple (ou alors le loup séducteur et animal et le chasseur qui vient rétablir la justice dans le Petit chaperon rouge). Là aussi, on comprend que le tandem Dios/Akio sort de tout sauf de nulle part.

Je ne développe pas trop pour ceux qui ont envie de découvrir la série, j'espère que ceux qui l'ont vue s'en souviennent encore suffisamment ^^
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namtrac
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Inscrit le : 02 Déc 2003
Localisation : The dark side of the road

Message Posté le : 24/04/09 21:40    Sujet du message: Répondre en citant

Ce qu'il y a de bien avec Utena c'est que la série est extrêmement riche en symboliques et interprétations (grâce notamment au jeu sur la narration que je trouve inégalé). On pourrait faire une thèse sur cette série Sourire

Pour moi l'un des grands thèmes, c'est évidemment celui que l'on retrouve dans le titre, à savoir celui de la révolution. Mais révolution dans son acception d'origine, à savoir cette notion de rotation, de cycle, que l'on retrouve tout au long de la série (notion de cycle qui englobe les thèmes plus large de l'enfermement, de la permanence, de l'immuabilité, de la mort, de la (re)naissance, du passage à l'âge adulte / de l'impossibilité de s'affranchir du passé et d'aller de l'avant = sortir de l'académie�). C'est particulièrement visible dans les répétitions nombreuses (successions de duels, doubles et personnages miroirs aux parcours similaires, séquences avec A-Ko et B-Ko, etc. � même les séquences "d'économie" récurrentes du château s'intègrent dans la signification générale de la série), qui semblent immuables au premier abord mais qui finalement dévient de leur course, cf particulièrement les réinterprétations d'un même événement qui font avancer le récit et le regard du spectateur. C'est d'ailleurs l'autre grand thème de la série : l'illusion, le fantasme, et la réalité. Les apparences trompeuses. Nanami le stéréotype shôjo de la sale garce gâtée pourrie qui est en fait complètement barrée et se révèle la plus naïve de tous ; Anthy la sainte nitouche qui est une grosse cochonne ; le beau salaud qui est en fait particulièrement émouvant, etc etc�

Et c'est vraiment ce qui m'a plu dans cette série. Avec Shôjo Kakumei Utena je suis allée de surprise en surprise, les auteurs jouent délibérement sur les clichés, sur nos attentes, pour mieux les déjouer. Ce qui fait que le message final est d'une rare intelligence, d'une rare profondeur et d'une rare lucidité.

Le fait que les auteurs nous ont conditionnés à attendre une apocalypse, un bouleversement spectaculaire (qui a d'ailleurs à moitié lieu, cf la séquence des épées et de l'effondrement du château), et en arriver à un climax à la fois anti-spectaculaire et pourtant particulièrement spectaculaire (un simple mot, un seul, pour montrer tout le chemin parcouru, véritablement révolutionnaire, et cette fois au sens commun du terme), est l'une de leurs plus grandes réussites. Ca plus l'épiphanie inattendue du personnage d'Utena qu'on aurait pu penser monolithique, et qui au final se révèle être le plus beau personnage de la série Pleure ou Très triste Les deux messages que l'on peut en retirer, c'est que les filles peuvent être leur propre prince et n'ont pas besoin d'attendre qu'un garçon vienne les "réveiller" ; et que la chose la plus difficile ce n'est pas de "transformer le monde" mais simplement de changer, et la force d'Utena est de parvenir à faire changer Anthy, alors que les autres demeurent prisonniers de l'académie malgré les quelques évolutions entrevues dans la série. Les auteurs sont réalistes, le "pouvoir de changer le monde", la réalité, est illusoire, mais le pouvoir de changer ne serait-ce qu'une seule personne, ça, c'est puissant. En tout cas c'est comme ça que je l'ai perçu et c'est ce qui m'a fait adorer la série, qui est pour moi la plus grande réussite télévisuelle, toutes catégories confondues #butterfly

Sinon pour l'interprétation des contes de fées je te conseille les ouvrages de Marie-Louise von Franz, qui écrit depuis longtemps sur le sujet (Bettelheim est une imposture au passage, même si le fond de "son" livre est intéressant)
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But if we are wise, we know that there's always tomorrow"
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