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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 11/09/06 00:25 Sujet du message: Manga et BD franco-belge |
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Après une longue interruption due à dâ??autres projets, voici enfin le début de la fin de ce petit historique comparatif entre la BD franco-belge et le manga. Je verrais à répondre à Laotzi sur le gekiga dans une ou deux semaines.
On en était resté aux années 60-70 qui avaient vu se développer un nouveau type de bande dessinée dans les deux pays, la volonté de certains auteurs de ne plus considérer ce médium comme une distraction pour les enfants faisant émerger une bande dessinée pour adulte, révolutionnant ainsi le genre. Lâ??autre grand point commun entre les deux BD était la mise en place du système économique suivant : prépublication dans des magazines spécialisés distribués dans le réseau de la presse avant une édition en volumes reliés diffusés dans des magasins spécialisés (les librairies BD) ou les rayons spécialisé de grandes librairies. Si le manga était plus développé que son équivalent franco-belge, notamment pour des raisons démographiques (environ deux fois plus dâ??habitants au Japon quâ??en Europe francophone), des raisons économiques (notamment la diffusion télévisuelle des séries à succès) et des raisons culturelles (les japonais étant plus porté sur la lecture des journaux que les français), les deux avaient connu une histoire et un développement assez proche. Mais avec les années 80, les choses vont changer.
Une petite histoire des deux BD (IV â?? La BD franco-belge des années 80 à nos jours)
La disparition des périodiques : Les magazines
Depuis le milieu des années 70, la bande dessinée franco-belge est en crise (enfin, cela fait des décennies que certains affirment que la BD est en crise, quâ??elle va disparaître, il est donc de plus en plus difficile de croire ces Cassandre). Subissant la concurrence de la télévision puis des jeux vidéo quelques années après, son lectorat le plus jeune délaisse les revues qui lui sont destinées. Cela provoque la disparition dâ??un certain nombre de périodiques entre 1975 et 1980 comme Pilote qui est obligé de renaître sous la forme dâ??un mensuel, de lâ??édition française du Journal de Tintin, des périodiques de la SPE (Pieds Nickelés, Bibi Fricotin, Lili), de ceux de Fleurus qui doivent fusionner les uns avec les autres pour survivre. Dans les années 80, c'est aussi la BD pour adulte qui ne va pas très fort : Charlie Hebdo disparaît en 1981 après une année dâ??agonie alors que Charlie Mensuel passe sous contrôle de Dargaud, Lâ??écho des savanes passe sous contrôle dâ??Albin Michel, Métal Hurlant devient la propriété dâ??Hachette en 1985 et continue avec une nouvelle équipe éditoriale, Pilote mensuel disparaît en fusionnant avec Charlie Mensuel avant de reprendre le nom de Pilote puis de disparaître définitivement, etc. A noter aussi que le Journal de Tintin disparaît en novembre 1988. Les disparitions continuent durant les années 90 avec en point dâ??orgue lâ??arrêt en 1997 de (à suivre), achevant ainsi la mutation de la BD franco-belge de la prépublication en magazine vers lâ??édition uniquement en album couleur cartonné. Il y a quand même une exception notable dans ce sombre tableau, celui de Fluide Glacial qui continue son petit bonhomme de chemin depuis 1975 même si tout ne se passe pas au mieux depuis quelques années. Autre exception, le magazine Psikopat qui, bon grès mal grès, réussit à survivre et à lancer régulièrement de jeunes auteurs mais sans proposer de débouché sous forme dâ??albums reliés.
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Les périodiques disparaissent : L'arrêt du Journal de Tintin en novembre 1988 n'était pas une grosse perte, en réalité, tellement son contenu était devenu médiocre depuis de nombreuses années. Cela faisait longtemps qu'aucun nouvel auteur d'envergure était apparu dans ce magazine à part peut-être Michel Weyland et sa série Aria. Avec son numéro 289, (à suivre) disparaît en décembre 1997, provoquant un choc chez certains. C'est la fin d'un certain type de BD, celle qui ne rentrait pas dans le moule de la série et du 48CC. On peut en retrouver un écho dans des textes comme celui de Jessie Bi sur le site du9 ou dans Plates-bandes de J-C Menu.
La disparition des périodiques (suite) et le règne du 48CC
La disparition quasi-généralisée des magazines prépubliant de la bande dessinée nâ??a pas eu pour conséquence de faire reculer la BD en France et en Belgique mais de faire changer son modèle économique (dans les années 90, le taux de progression du chiffre dâ??affaire était dâ??à peu près 1% par an, ce qui était peu mais il nâ??y avait pas de récession). Parallèlement à la disparition des magazines, un autre type de périodiques, les "Petit format" (des BD à très bas coût au format poche en N&B distribués eux aussi dans le réseau de la presse) qui avaient connus un certain succès dans les années 50-60, connaissent une crise et disparaissent les uns après les autres, Semic finissant par jeter lâ??éponge il y a peu. Câ??est ainsi que des séries dâ??aventures populaires sans prétention comme Blek, Kiwi, Zembla, Mustang, Akim disparaissent aussi du paysage de la BD francophone. Lâ??abandon par la bande dessinée du réseau de la presse est compensé par le développement dâ??un secteur spécialisé, notamment par le biais de la librairie spécialisée et du développement des produits dérivés. Par exemple, le réseau Canal BD est né en 1990 et regroupe actuellement plus de 120 librairies indépendantes. Mais il suffit de rentrer dans une de ces officines dédiée au 9ème art pour être frappé par une certaine uniformité qui y règne (surtout dans la forme mais aussi dans le fond diraient certains) des BD franco-belge, liée à la prédominance de lâ??album 48CC (48 pages couleurs et à reliure cartonnée) qui en devient la forme emblématique. Ceci est accru avec lâ??arrivée de deux nouveaux éditeurs, Soleil et Delcourt, qui vont pousser le principe encore plus loin en généralisant le 48CC grand format (d'une taille un peu supérieure au 48CC classique des années 70-80), permettant un meilleur prix de vente et donc dâ??accroître sa rentabilité. Câ??est ainsi que la bande dessinée franco-belge devient petit à petit un produit de luxe, ce qui là aussi est dénoncé par certains. Il faut dire que le lectorat nâ??est plus réellement le pré-ado ou lâ??ado mais plutôt le jeune (ou moins jeune) adulte ayant un métier lui permettant de continuer dâ??assouvir une passion de sa jeunesse.
Voici à quoi ressemblait la couverture d'un "Petit format". ici, il s'agit d'un "album", c'est à dire une reliure éditeur comprenant 3 invendus. Il est encore possible de trouver des lots d'invendus de l'éditeur Sémic dans les stations d'autoroute. Si vous ne connaissez pas, je vous conseille d'en acheter un lot et d'y jeter un coup d'Å?il, ça vaut le détour. Les fans du genre estiment que les "Petit Format" sont injustement ignorés par les historiens de la bande dessinée. Pour ma part, je pense surtout qu'il ne faut pas être exigeant pour les apprécier et que la nostalgie joue beaucoup dans l'appréciation positive qu'on peut en avoir.
Canal BD est un réseau qui regroupe plus d'une centaine de librairies BD indépendantes et qui a pour but de promouvoir la bande dessinée et les librairies spécialisées du réseau par le biais d'un certain nombre d'actions, notamment en éditant un magazine gratuit en plus de productions para-BD comme des coffrets, des tirages de luxe, divers objets, des affiches, etc. N'attendez pas du rédactionnel critique dans ce bimestriel, cela n'est pas possible. Mais cela permet au grand public de s'informer et au fan de BD d'ouvrir un peu son horizon grâce à de nombreuses mises en avant. Il s'agit donc d'une lecture plaisante. N'hésitez pas à le demander à votre libraire (il existe une version faite aux couleurs d'Album).
Soleil et Delcourt, des nouveaux dans la cour des grands
A lâ??origine de Soleil, on trouve une librairie fondée en 1982 par Mourad Boudjellal. La maison dâ??édition Soleil Productions (née en 1988) va surtout se développer avec la réédition de séries anciennes comme Rahan, Tarzan, Mandrake et la sortie de séries dâ??heroic-fantasy scénarisées par Arleston. La plus connue est la série Lanfeust De Troy réalisée par Arleston et Tarquin. Fort de ces succès, lâ??éditeur sâ??est diversifié dans les thèmes en abordant le policier, la science-fiction, le western et bien dâ??autres mais toujours sous un angle populaire, proposant du divertissement grand public, dirons-nous gentiment. En 1998, lâ??éditeur crée un magazine auto promotionnel prépubliant certaines de ses séries, le Lanfeust Mag. Depuis, dâ??autres magazines sont sortis de la branche "Périodique" de l'éditeur comme, dernièrement, Suprême dimension. Mais il ne faut pas y chercher du rédactionnel intéressant, il nâ??y en a pas. Il y a peu dâ??auteurs édités par Soleil qui méritent dâ??être cités, vu leur peu dâ??originalité et donc dâ??intérêt. A part Arleston qui scénarise un très grand nombre de séries de lâ??éditeur, on peut quand même faire ressortir du lot Denis Bajram pour sa série Universal War One et Crisse pour ses séries mettant en scène des filles blondes à forte poitrine. A peu près à la même époque, la société Delcourt Productions est née en 1986 lorsque Guy Delcourt quitte le magazine Pilote dont il était le rédacteur en chef lorsque le titre est fusionné avec Charlie Mensuel. Il édite alors au sein de sa société différents auteurs avec qui il travaillait lorsquâ??il était aux commandes de Pilote. Câ??est ainsi que Cailleteau et Vatine seront aux débuts de lâ??aventure. Lâ??éditeur va plutôt se spécialiser dans les récits de science-fiction (plutôt sans grand intérêt pour la plupart même sâ??il sâ??agit de récits efficaces) et de fantasy avant de se diversifier. Il permet à de jeunes auteurs de talents dâ??être publié comme le scénariste Alain Ayroles (Garulfo, De cape et de croc) ou lâ??illustratrice et dessinatrice Claire Wendling. On pourrait aussi évoquer Marc-Antoine Mathieu, Turf, Etienne Davodeau (même si celui-ci a débuté chez Dargaud). Nâ??oublions pas Jean-David Morvan qui scénarise Sillage, une série de science fiction mélangeant habilement diverses influences dont certaines venues du manga. Ces deux éditeurs sont devenus des archétypes de la BD franco-belge moderne, reposant sur la publication dâ??albums 48CC grand format, en devenant deux acteurs de poids dans ce domaine Il faut aussi noter quâ??ils ont à la fois profité et participé au renouveau commercial du secteur de la BD qui connaît depuis le début des années 2000 une croissance assez remarquable dans le monde en crise de lâ??édition francophone.
Sorti en 1989, Parodies est le premier succès de Soleil même si ce n'est pas sous son nom que l'éditeur le publie. Il s'agit d'histoires courtes déshabillant une série de personnages connus de la BD franco-belge, à commencer par l'héroïne Natacha. Le plus amusant est, si je me souviens bien (oui, je dois avouer que j'ai aidé au lancement de Soleil en étant parmi leur premiers clients et en achetant ce titre ), que ce sont les auteurs qui ont mis eux-mêmes en scène leurs héros dans des situations dénudées, souvent bien plus paillardes qu'érotiques. Les plus médisants diront que les bases de la politique d'édition de Soleil étaient ainsi posées avec le racoleur primant sur toute autre considération.
Aquablue de Thierry Cailleteau et Olivier Vatine est tout à fait représentatif des débuts des éditions Delcourt. De la SF à grand spectacle et de qualité. Malheureusement, le genre sera usé jusqu'à la corde, de trop nombreux tâcherons venant l'exploiter sans rien y apporter. Il faudra attendre Sillage de JD Morvan et Philippe Buchet pour avoir enfin quelque chose de nouveau. Et devinez quoi ? Grâce au manga. Dommage que les auteurs n'ont pas su, dans le cas d'Aquablue comme celui de Sillage, maintenir un bon niveau à leur série.
Les éditeurs "classiques" sont toujours lÃ
Mais les éditeurs "classiques" ne sont pas en reste. Dargaud, Dupuis, Glénat et Casterman continuent à se développer et tous réussissent à lancer des titres à succès. Dargaud va ainsi éditer à partir de 1984 XIII, une série dâ??aventure scénarisée par Van Hamme et dessinée par William Vance qui sera un gros succès commercial. Dupuis, de son côté, réussit à renouveler le genre de la BD pour enfant avec Le Petit Spirou (de Tome et Janry) dont le premier tome sort en 1987. Avec son ton à la fois mutin et tendre, avec des femmes aux formes très sexuées et des gamins plutôt chenapans, on est très loin de lâ??enfance innocente des années dâ??après guerre. Avec deux autres gros succès commerciaux, Kid Paddle de Midam et Cédric de Cauvin et Laudec, Dupuis est en position de force dans ce domaine. Lâ??éditeur de Marcinelle a aussi sa série dâ??aventure à succès (économico-policière en lâ??occurrence) grâce à Largo Winch avec lâ??incontournable Van Hamme au scénario. Il est à noter que Dargaud et Dupuis font maintenant parti du même groupe du fait de leur rachat par Média Participations en 1987 pour le premier, en 2004 pour le second. La holding contrôle ainsi plus de 35% du marché de la BD en France. Glénat, lâ??autre grand éditeur de bande dessinée doit en partie sa position à Titeuf (de Zep) lancé en 1992 et digne héritier du Petit Spirou. La vénérable maison Casterman a plus de mal à renouveler son catalogue qui repose un peu trop sur Tintin, Corto Maltese, Blake et Mortimer et quelques séries lancées dans les années 50 à 70. Cependant, la série Le Chat de Philippe Geluck, qui nâ??est pas réellement de la bande dessinée, réussit quand même un très beau score avec un tirage à 350 000 exemplaires. Cela explique peut-être sa position de plus petit des grands de la BD, sâ??étant fait dépasser par Soleil et Delcourt. A noter que lâ??éditeur a été racheté en 2004 par le groupe Flammarion, perdant ainsi son indépendance.
Astérix est une série qui se vend tellement bien que Albert Uderzo et Jean-Michel Charlier vont créer leur propre maison d'édition afin d'en retirer un maximum de bénéfices. C'est ainsi que naissent les éditions Albert-René dont la mission est de sortir les nouvelles aventures du petit gaulois. Mais peut-on parler réellement de petit éditeur indépendant lorsqu'il y a un premier tirage de plus de 2 millions d'exemplaires et en étant distribué par Hachette ? En tout cas, on a là l'archétype de la BD franco-belge dans toute sa splendeur : héritière des années 50, elle se contente d'exploiter des séries très bien installées.
Dupuis ne jure que par ses séries pour enfant même si l'éditeur a lancé des collections plus à destination des adultes. Kid Paddle démontre que la relève est là avec un personnage tout à fait dans l'air du temps : un pré-ado fan de jeux vidéo. La série était d'ailleurs prépubliée dans un magazine de jeux pour consoles avant de passer dans le Journal de Spirou.
La "révolution" des indépendants
Mais une véritable "révolution" récente dans la bande dessinée franco-belge est lié à lâ??apparition et au succès, critique à défaut dâ??être populaire dâ??un nouveau genre : la BD indépendante. Avec lâ??arrivée des années 90, en réaction à la standardisation de la bande dessinée, à la fois par son contenu (multiplication des séries formatées par le moule des genres) et sa forme (la généralisation du 48CC), un certain nombre dâ??auteurs vont créer des structures (généralement associatives) pour pouvoir éditer librement leurs Å?uvres, rappelant ainsi un peu la naissance de la BD adulte des années 70, mais de façon beaucoup plus réfléchie et pérenne. Câ??est ainsi que lâ??Association, Ego comme x, Cornelius, Rackham, Les Requins Marteaux, etc. voient le jour. Ils sont tous plus ou moins les héritiers de Futuropolis qui avait commencé à défricher le terrain dès le milieu des années 70. Issue dâ??une librairie spécialisée, cet éditeur a notamment réédité un certain nombre de classiques de lâ??âge dâ??or américain avant de lancer un certain nombre de jeunes auteurs francophones. Etienne Robial, le fondateur, voulait promouvoir une bande dessinée dâ??art tant par le fond que par la forme. Disparu en 1994 après avoir vendu la catalogue et le nom à Gallimard qui nâ??en a rien fait avant de céder en partie le nom à Soleil en 2004, Futuropolis a été remplacé par lâ??Association et les autres. Tous ces éditeurs indépendants (même si le terme dâ??alternatif irait mieux étant donné que Le Seuil voit son département BD catalogué parmi les indépendants) mettent en avant lâ??auteur plus que la série. Une autre caractéristique de ce genre est la prédominance du N&B, choix à la fois esthétique, politique et économique. Enfin, lâ??autobiographie, genre rarement abordé dans la bande dessinée, y est répandu, notamment chez lâ??Association et Ego comme x. La liste des auteurs dâ??importance issus du mouvement de la BD indépendante est trop longue à faire mais il faut quand même rappeler les noms de Joann Sfar, Lewis Trondheim, Marjane Satrapi qui connaissent un grand succès à la fois commercial et critique, Edmond Baudoin, David B., ChristopheBlain, Fabrice Neaud, Winshluss qui ont tous apporté quelque chose de neuf au médium.
Une des caractéristiques des éditeurs indépendants est qu'ils éditent tous (ou presque) une revue permettant de lancer de jeunes auteurs ou de s'essayer à des expérimentations sur le médium. En ce qui concerne l'Association, il s'agit de la revue Lapin dont on voit ici la couverture d'une compilation reprenant "le meilleur des Lapin n° 1 à 5". Ego comme x publie une revue éponyme, les Requins marteaux éditent Ferraille Illustré, etc.
Dans son Journal, Fabrice Neaud démontre que la bande dessinée peut être intelligente. Notamment, dans le 3ème volume, outre une réflexion sur sa vie, les gens qu'il fréquente et le monde qui l'entoure, il propose une véritable réflexion sur notre société mais aussi sur le médium utilisé, l'Art en général et bien d'autres thèmes. Il réussit à faire passer un contenu dense tout en ennuyant jamais le lecteur. Il faut dire qu'il sait utiliser une narration adaptée à son propos en ayant pris ce qu'il y a de meilleur dans les spécificités narrative de la BD franco-belge, du comics et du manga.
Bibliographie :
- JC Menu â?? Plates-bandes, lâ??Association (2005)
Pour ceux qui sâ??intéressent au sujet des "Petits formats" :
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Petit_format
- http://perso.orange.fr/bd.petit.format/petitformat/petit_format.html _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 16/09/06 22:30 Sujet du message: Manga et BD franco-belge |
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Et oui, déjà un autre post .
Une petite histoire des deux BD (V â?? Le manga des années 80 à nos jours)
La fin dâ??une époque
Nous avions laissé lâ??historique du manga sur le kashibonya, le gekiga et Garo. Malheureusement, tous les trois ont disparu. Le premier, comme nous lâ??avons déjà vu, dans la deuxième moitié des années 60. A noter que cette forme de distribution (c'est à dire sans vente du produit même) des mangas est réapparue, sans pour autant créer un nouveau réseau de distribution spécifique car se contentant de proposer les séries commercialisées, avec les manga kissa, des cafés où on peut lire des mangas en libre service (ainsi qu'aller sur Internet, jouer à des jeux vidéos ou regarder des animés). Ils ne font que reprendre le concept des kashibonya où on pouvait lire les titres sur place après avoir payé une certaine somme. Quand au gekiga, il a lentement disparu avec le temps, on ne trouve plus grand monde pour se réclamer du genre. Il faut dire que la disparition de son support privilégié, les kashibon manga puis Garo lui a porté un coup fatal. Il nâ??y a guère parmi les auteurs dâ??importance que Takaho Saito, affirmation de sa part plus que discutable et à mon avis purement marketing, ainsi que Hiroshi Hirata, pour sâ??en réclamer. Enfin, Garo a arrêté sa parution en 2002 après une longue agonie, le magazine avant connu deux arrêts dâ??activité entre 1996 et 1997 et entre 1998 et 2000. On était loin de 1971, lâ??année record qui avait vu le magazine tirer à 80 000 exemplaires. Mais lâ??esprit dâ??avant-garde de Garo a pu subsister dans Ax, fondé par des personnes issus de ce qui restera une référence majeure dans lâ??histoire du manga. On peut noter quâ??il existe un autre magazine de référence dans le domaine de la BD alternative : IKKI, un mensuel édité par Shôgakukan. Mais son tirage est assez faible (30 000 exemplaires), surtout comparé aux autres publications mangas de lâ??éditeur. Comme on peut le voir, le manga alternatif est réellement un marché de niche au sein de la BD japonaise mais il permet à toute une série dâ??auteurs de sâ??exprimer plus librement, dâ??expérimenter et de créer à leur rythme même si, pour vivre, beaucoup réalisent des Å?uvres pour différents magazines seinen ou josei. En effet, ces deux genres sont indirectement issus de Garo lorsque les éditeurs grands publics se sont aperçus quâ??il y avait un marché pour une bande dessinée adulte. De ce fait, il y a toujours eu des passerelles entre le manga alternatif et le manga pour les jeunes adultes.
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Le manga alternatif a actuellement deux magazines de référence. Ax est édité par Seirinkogeisha (ici, on voit la couverture du premier numéro de février 1998). Ce sont les héritiers directs de Garo et de Seirindo même si la création des premiers est antérieure à la disparition des seconds. En effet, ce sont des transfuges de Garo qui sont à lâ??origine du bimestriel Ax. Leur politique est de laisser une totale liberté à leurs auteurs, se bornant à les conseiller si nécessaire. Il nâ??y a aucune volonté de rechercher la rentabilité en appliquant les recettes commerciales des éditeurs grands publics. IKKI (on peut voir la couverture du numéro sorti en septembre 2006) est aussi un magazine alternatif mais il a été créé par Shôgakukan lorsque celui-ci a décidé de développer son pôle manga à destination des adultes. A lâ??origine, il sâ??agissait dâ??un numéro spécial du Big Comic Spirits paraissant irrégulièrement. Sa première parution date ainsi de 2000. Et câ??est en 2003 que câ??est devenu un mensuel à part entière. On peut lire en français quelques séries issues de ce magazine, comme Number 5 de Tayô Matsumoto, Dorohedoro de Q.Hayashida ou Sorcières de Daisuke Igarashi.
Le développement du manga : Du grand public à la spécialisation et au marché de niche
Les années 80 voient sâ??amplifier le développement du manga commercial sous toutes ses formes. On assiste à une multiplication des créations de magazines, à leur segmentation de plus en plus précise. Câ??est ainsi quâ??au début des années 80, on voit apparaître des périodiques à destination des jeunes femmes comme You, un mensuel de lâ??éditeur Shueisha qui tire actuellement à 230 000 exemplaires, ce qui en fait le plus lu dans sa catégorie. Cette politique de marchés ciblés fait quâ??on peut trouver des magazines ne publiant, par exemple, que des séries sur le golf ou la cuisine. Toutes les niches commerciales sont exploitées, y compris celle du sexe. Par exemple, il y a le yaoi, un genre regroupant des publications issues du monde des mangas amateurs (les dôjinshi) spécialisées dans les histoires mettant en scène des relations homosexuelles masculines à destination dâ??un lectorat de jeunes filles. Biblos était lâ??éditeur de référence du genre mais il a cessé ses activités en 2006 avec le dépôt de bilan de sa maison mère Hekitensha. Il y a surtout une grande partie (en nombre de titres) de la production de manga qui relève du domaine que lâ??on peut appeler hentai ou ecchi, c'est-à -dire des mangas érotiques ou pornographiques à destination dâ??un lectorat masculin hétérosexuel. A lâ??intérieur dâ??un même genre, les magazines vont même jusquâ??à se spécialiser. Par exemple, Comic LO est un magazine publié par Akaneshinsha qui se focalise sur les lolicon ("lolita complex", un phantasme sur les adolescentes). En Occident, un tel magazine serait interdit car il serait qualifié de pédophile alors quâ??au Japon, câ??est un genre établi qui compte plusieurs magazines spécialisés. Autre exemple moins extrême, avec le mensuel Menâ??s Young de lâ??éditeur Futabasha. Créé en 1995 lorsque le marché du manga était à son apogée, il a connu un arrêt en 2004 avant de reprendre dernièrement. Son contenu est interdit au moins de 18 ans car certaines séries publiées sont clairement pornographiques. La censure japonaise y est appliquée : Les organes sexuels aussi bien masculins que féminins ne sont pas représentés en action, si ce nâ??est par les artifices habituels : phallus en silhouette, pastille sur les poils pubiens, etc. Ces trois exemples illustrent bien que le sexe est aussi un marché de niche quâ??il faut exploiter sous tous ses aspects.
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Voilà deux exemples de magazines mangas spécialisés. Kindai Mah-jong ("Mah-jong Moderne") est un mensuel de lâ??éditeur Takeshobo (plus connu dans le domaine de la vidéo) qui ne propose que des séries mettant en scène des rencontres de mah-jong. A lâ??origine, il sâ??agissait dâ??un simple supplément au magazine éponyme. Mais quand celui-ci sâ??est arrêté en 1987, le supplément manga sâ??est transformé en magazine indépendant et continue de paraître (ici, on voit le dernier numéro paru). Mystery Bonita est un autre exemple de la spécialisation du manga. Il sâ??agit dâ??un magazine shôjo créé en 1988 et issu du magazine Bonita (aujourdâ??hui disparu) des éditions Akita Shôten qui ne propose que des séries longues en rapport avec le mystérieux lié à l'histoire, à l'horreur et aux histoires policières.
Le développement du manga : Grandeur ...
Câ??est dans les années 80 que lâ??on voit apparaître des titres très vendeurs comme Dr Slump puis Dragonball dâ??Akira Toriyama, Urusei Yatsura puis Ranma ½ de Rumiko Takahashi. On peut considérer quâ??il sâ??agit des deux derniers auteurs qui ont réellement influencé le médium dans les années 80, les années 90 et 2000 proposant surtout des clones et une uniformisation des styles. Les mangas à succès sont déclinés sous toutes les formes de produits dérivés possibles : Série dâ??animation télé à rallonge, longs métrages dâ??animation, OAV, Art books, posters, jouets, jeux vidéo, albums musicaux, goodies de toutes sortes, marque de produits alimentaires, etc. Câ??est pourquoi une adaptation en série dâ??animation télé est si importante pour le mangaka. Une diffusion télévisuelle est lâ??assurance de voir les ventes de la série exploser et de permettre une déclinaison sous dâ??autres formes. Sachant que lâ??auteur garde les droits dâ??exploitation sur les produits dérivés, ceux-ci font sa fortune, bien plus que ses Å?uvres proprement dit. Câ??est une caractéristique du manga qui a fait son apparition dans les années 60 mais qui atteint son apogée dans les années 90 : la commercialisation à outrance du manga sous toutes les formes possibles et imaginables. Au Japon, la BD nâ??est pas un art, câ??est un loisir que lâ??on commercialise parmi dâ??autres. Et tant que ça marche, on continue... Et quand on parle marché de consommation, on parle de ventes. Si on regarde la courbe de ces dernières pour les magazines de mangas, on sâ??aperçoit quâ??en quelques années, entre le début des années 80 et celui des années 90, de nombreux périodiques ont doublé leurs ventes. En 1994, le Weekly Shônen Jump était au sommet avec plus de 6.5 millions dâ??exemplaires vendus chaque semaine. Mais il nâ??était pas le seul, tous les magazines réalisant leurs records à la même période avant de voir leurs ventes sâ??effondrer.
Dragon ball dâ??Akira Toriyama est LE grand succès commercial en matière de manga. Avec ses 160 millions dâ??exemplaires vendus (entre la version tankôbon qui totalise 120 millions dâ??exemplaires et les multiples rééditions sous dâ??autres formats que la série a connue), il est le premier dans le classement des ventes. On attribue le déclin du Weekly Shônen Jump à son arrêt en 1995 en même temps que dâ??autres séries à succès qui étaient publiées au même moment. Câ??est peut-être aller un peu vite en besogne mais il est certain que ça nâ??a rien du arranger.
Lorsquâ??une série a du succès, elle est adaptée en série dâ??animation pour la télé. Puis si le succès se confirme, elle sera adaptée en film dâ??animation. Souvent, ces films dâ??animation donnent lieu à des produits dérivés. Un des plus connus est lâ??Anime comics, c'est-à -dire une sorte de bande dessinée fabriquée à partir des cellulos qui ont servi à réaliser le film. Des phylactères et des onomatopées sont ajoutés, on relie le tout et voilà , on a une sorte de bande dessinée en couleur (alors que traditionnellement, le manga est en N&B). Ici, câ??est la couverture de lâ??Anime comics tiré du film Dragon Ball Saikhou heno Michi.
... et décadence
Car ensuite, la tendance sâ??est inversée et plutôt brutalement. En 2005, le Weekly Shônen Jump est en dessous des 3 millions d'exemplaires vendus, revenant ainsi plus de 20 ans en arrière sur ce point. Et la tendance ne semble pas devoir sâ??inverser malgré lâ??apparition dâ??une nouvelle génération dâ??auteurs à succès comme Eiichirō Oda (One piece) ou Ai Yazawa (Nana). Durant les années 90 et 2000, de nombreux magazines ont été arrêtés, certains réussissant à reparaître comme lâ??hebdomadaire shônen Action de Futabasha qui ne sâ??est interrompu quâ??une année, en 2004. Dâ??autres, comme le mensuel josei Young You, nâ??ont pas eu cette chance malgré que, pour ce dernier, il soit édité par Sueisha. On a déjà évoqué le cas Biblos mais il nâ??est pas le premier éditeur à faire faillite, loin de là . Par exemple, en 1996, lâ??éditeur Scholar a cessé ses activités, entraînant la fin de ses magazines mangas. Citons le plus connu dâ??entre eux, le magazine seinen Comic Burger où était publié des séries comme Les lamentations de lâ??agneau de Kei Toume ou Raïka de Fujiwara Kamui. A noter quâ??on pouvait y lire des histoires de Kyôko Okazaki, une des plus douées de sa génération. Un tel retournement de tendance est souvent expliqué par le développement des jeux vidéo sur console, des ordinateurs puis de la téléphonie mobile. Il est certain que les consoles portables puis les téléphones mobiles ont permis de proposer une alternative au manga pour passer le temps dans les transports en commun. Leur marché intérieur en crise, les éditeurs commencent à sâ??intéresser au succès que rencontre la bande dessinée japonaise dans les pays occidentaux, à commencer par les USA. Malheureusement, il ne sera jamais possible de compenser le déclin intérieur du manga avec les exportations, même en prenant directement pied dans le pays, à lâ??instar des USA et de Viz Media, un joint-venture créé entre Sueisha et Shôgakukan (qui font partie du même groupe dâ??édition, rappelons-le). Le marché de la bande dessinée, aussi bien en Europe quâ??aux USA est bien trop petit pour cela. Mais tout ceci sera plus amplement développé dans la partie consacrée aux conditions économiques de la bande dessinée.
One Piece est-il lâ??arbre qui cache la forêt ? Jamais une série ne sâ??est jamais autant vendue au Japon. En 43 Tomes, elle comptabilise 122 000 000 dâ??exemplaires vendus (soit 2,8 millions par tome), ce qui est mieux que Dragon Ball en son temps. Commencée en 1997, elle est toujours en cours. Mais si on regarde les ventes du Weekly Shônen Jump, on sâ??aperçoit que durant la même période, le magazine a vu ses ventes passer de 5 millions à moins de 3. Il se vend donc presque autant de volume relié que du magazine. Cela relativise beaucoup lâ??importance dâ??une série à succès au sein de lâ??hebdomadaire pour ses ventes. On peut y voir aussi lâ??annonce dâ??un déclin irrémédiable des périodiques qui ne toucherait pas réellement les volumes reliés. Il nâ??est pas impossible que la bande dessinée au Japon connaisse une évolution comparable à celle quâ??ont connu la France et la Belgique 20 ans auparavant.
Viz Communications (devenu Viz Media) a été créé en 1986 par deux japonais qui ont su convaincre Shôgakukan de les aider à fonder une société dont le but serait de promouvoir le manga aux Etats-Unis. Pendant plusieurs années, la société sâ??est surtout consacrée à la gestion de droits (la licence Pokemon par exemple) même si elle avait commencé dès 1987 son métier dâ??éditeur, à la fois dans le livre et la vidéo. La société est devenue un joint venture entre Shôgakukan et Shueisha en 2003, lui donnant ainsi un accès étendu aux titres du Weekly Shônen Jump. Viz a commencé à éditer Ranma ½ dès 1993 en manga et en animé (ici, il s'agit de la couverture de la réédition du volume 1). Il sâ??agit dâ??un de leurs premiers titres phares avec Battle Angel Alita (Gunnm) et Maison Ikkoku.
Et voici la fin de la partie historique. Ce nâ??est pas trop tôt diront peut-être certains . Mais je pense que lâ??exercice nâ??a pas été sans intérêt. Déjà , cela a permis de bien se rappeler que la bande dessinée franco-belge nâ??est pas obligatoirement synonyme de 48CC, quâ??il a existé et quâ??il existe dâ??autres formes lui permettant de se développer et aux auteurs de sâ??exprimer. Mais je reviendrais sur ce point de façon plus développée lorsque jâ??aborderais les conditions économiques des deux BD. Lâ??autre grand apport de cet historique plus détaillé que prévu est quâ??il a mis en évidence un développement assez similaire de la bande dessinée (dans les grandes lignes) au Japon comme en Europe francophone. Ce nâ??est que plus récemment, c'est-à -dire à la fin des années 70 que leurs modèles économiques se sont mis à diverger. Mais rien nâ??interdit de penser quâ??ils ne se rapprocheront pas de nouveau dans 10 ou 20 ans. _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 21/10/06 17:28 Sujet du message: Réponse |
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Il est plus que temps de répondre aux questions de Laotzi sur le gekiga : "A la fin de la semaine", j'avais dit il y a plus de deux mois
Mais avant, je trouve qu'il n'est pas inintéressant de remettre à disposition des lecteurs de ce sujet une petite discussion qui avait eu lieu sur le forum il y a quelques temps mais qui n'est pas disponible pour le moment car elle n'a pas été restaurée dans le forum Archives.
Pour y accéder, il suffit de cliquer sur l'illustration ci-dessous (dessinée par Shirato Sanpei, un des auteurs de référence du gekiga).
Je pense développer une réponse dans la matinée de demain, le temps de relire quelques textes et d'organiser une réponse complète.
Sinon, le second thème a été enfin choisi. Je prévois de parler du métier de dessinateur, tel qu'il est exercé en Belgique et en France d'un côté et au Japon de l'autre. Cela devrait m'occuper les mois de novembre et de décembre. Je pense donc parler du travail proprement dit (écriture, rough, crayonné, encrage), des techniques (matériel, usage des trames, couleur), de son organisation (le rythme de travail, le travail en studio), etc. J'en profiterais, car cela me semble assez indissociable, de parler aussi des conditions économiques : les éditeurs, lâ??objet album, lâ??importance des produits dérivés. _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
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Manuka Mangaversien·ne

Inscrit le : 26 Juin 2004 Localisation : dans le Tea tree !
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Posté le : 21/10/06 19:20 Sujet du message: Re: Réponse |
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Pour en revenir à ce que disait Herbv le 11 septembre, on utilise parfois le terme de franco-belge pour décrire toute la bande dessinée européenne.
Cela peut biaiser certaines choses.
La BD italienne n'était pas négligeable et ne suis pas le courant classique d'une bd franco-belge. Les fumetti (dont les petits formats) sont d'ailleurs plus souvent rapprochés des comics que du franco-belge. Les univers de Donald et Picsou sont réputés pour avoir beaucoup de pères italiens et non américains.
Dans la BD franco belge d'avant 1980, il ne faut pas oublier la composante flamande, comme j'ai déjà dit, avec notamment l'éditeur Standaart, connu pour ses publications nerveuses.  _________________ Emmène Lucy Hole dans un ciel de diamants. © |
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Marie Mangaversien·ne

Inscrit le : 10 Oct 2002 Localisation : Belgique
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Posté le : 25/10/06 14:18 Sujet du message: Re: Réponse |
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Manuka a écrit: | Dans la BD franco belge d'avant 1980, il ne faut pas oublier la composante flamande, comme j'ai déjà dit, avec notamment l'éditeur Standaart, connu pour ses publications nerveuses.  |
Tu es démasqué admirateur secret de Bob et Bobette !
C'est la honte de le dire à l'époque actuelle mais moi je les ai dévorés quand j'étais pitite. Et Néron avec ses gauffres à chaque fin de volume et ses histoires délirantes. C'était formidable! ^^
Bessy j'ai jamais aimé par contre, beaucoup trop mièvre et moraliste. Mais fallait voir ça à l'époque, en flandre il y avait au moins 5 "Lassie" par rue
Il y a eu quelques tentatives pour lancer la bd flamande en France je crois, mais ça n'a jamais pris. Peut-être est-ce son côté "populaire" et très peu glamour qui a déplu. Par contre aux Pays-bas ça a fait un tabac. |
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kynoo Mangaversien·ne

Inscrit le : 16 Jan 2004
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Posté le : 25/10/06 20:15 Sujet du message: |
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Boh, c'est pas la honte Bob et Bobette ! Certes ça ne vole pas bien haut, mais le terreau folklorique dans lequel la série puise son inspiration est sympa.
Quant à l'implantation ratée de Bob et Bobette en France... c'est normal, le créneau était déjà pris (Sylvain et Sylvette ) |
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Manuka Mangaversien·ne

Inscrit le : 26 Juin 2004 Localisation : dans le Tea tree !
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Posté le : 25/10/06 22:20 Sujet du message: |
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Héhé, non je ne suis pas admirateur secret de Bob et Bobette. Je n'en ai lu qu'un, et il n'y a pas si longtemps. (Je ne suis pas l'auteur du site non plus, je précise)
Mais il semble que la série ait été très populaire, surtout dans le nord-est de la France, en périphérie belge, et surtout elle est toujours en cours.
"Bob et Bobette" a une certaine réputation (Beaucoup connaissent le titre de nom, parfois vaguement). Et justement, comme j'avais dit, on retient une image franchouillarde ou populaire de la série.
Une série très populaire mais finalement très absente du net.
Si on cumule les Bob et Bobette (plus de 250 numéros) + Les Jérôme (une centaine) + Les Bessy (150) + les Bob et Bobette publicitaires inédits (une foultitude) ... ça nous donne plus de 500 albums dont une majeure partie entre 1965 et 1985. (Clic pour se rendre compte)
Puisqu'elle a pu marquer (et marque encore ?) son époque, elle constitue une variante au monopole de 48CC (mais ce n'est pas une contre-exemple, la couleur s'étant imposée)
Il n'y a pas de honte à en avoir lu, ni d'avoir pu aimer. Et même maintenant, c'est intéressant à lire, dans l'optique documentaire. Aimer les albums pour le premier degré est p'tre en effet plus difficile
Oui Sylvain et Sylvette et Bob et bobette sont comparables. Mais, visaient-ils le même public ? S&S était dâ??obédience catho. Les premiers tomes en 1950 sont déjà en couleurs avec une impression très bonne. B&B est en N&B à la même époque, avec une impression pas terrible. Ce nâ??est pas le même nombre de pages ni le même format.
(Non, mais tu nâ??as pas honte de me relancer sur ce thème, Marie, rhalala)
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On parlait de BD flamande ou en flamand. Le dernier Robbedoes (Spirou magazine version flamande) est paru il y a 1 an, après 67 ans dâ??existence. En même temps, disparaissait un des rares ponts entre BD franco-belge et BD néerlandaise.
Sinon, Herbv a souligné que la BD franco-belge puisait dans le manga. Une anecdote amusante : Certains connaissent peut-être « Bicot », quâ??on pourrait croire un des premiers héros de BD européenne, lâ??ancêtre dâ??un Titeuf.
Sauf que si Bicot est bien le nom français, il provient à lâ??origine dâ??une série américaine : « Winnie Winckle the Bradwinner ». Le personnage de Perry (frère de lâ??héroïne Winnie) y apparaît. Il va avoir parallèlement ses propres aventures. Perry est nommé « Bicot » en France, dans lâ??histoires traduites. Mais Bicot va connaître ensuite des aventures franco-françaises sans lien avec la série américaine de départ, sous la plume de divers auteurs dont un certain JC Forest.
Perry va grandir aux Etat-Unis. Sa sÅ?ur va évoluer également (Regardez les images de Winnie selon Googleâ?¦.)
Bicot par contre va rester gamin en Europe.
Ce nâ??est pas un mystère que la BD européenne se soit inspirée de la BD américaine (je ne parle pas de comic, volontairement). Mais il y a là une illustration claire de la différence de stratégie entre les 2 écoles. La première qui accepte de faire vieillir un personnage et la seconde moins.
(exemple : Titeuf a une petite sÅ?ur qui vieillit presque plus vite que lui â?¦ « Charly » (Dupuis) est cité comme série notable car son héros grandi)
Perry/Bicot se nomme Sjors aux Pays-bas. Sjors va connaître des aventures apocryphes lui aussi . Sjors va connaître une traduction en France lui aussi : il sâ??appelle alors Jojo (série Jojo et Jimmy).
Perry/Bicot/Sjors-Jojo : tous pareils, tous différents !
(voilà , derrière ce faux hors-sujet, on voit que la BD européenne nâ??a jamais été réellement imperméable. Elle a juste mis du temps à sâ??inspirer clairement du manga) _________________ Emmène Lucy Hole dans un ciel de diamants. © |
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Marie Mangaversien·ne

Inscrit le : 10 Oct 2002 Localisation : Belgique
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Posté le : 26/10/06 14:28 Sujet du message: |
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kynoo a écrit: | Boh, c'est pas la honte Bob et Bobette ! Certes ça ne vole pas bien haut, mais le terreau folklorique dans lequel la série puise son inspiration est sympa. |
Oué mais je ne parlais pas de ma honte (je peux avoir honte de beaucoup de choses mais certainement pas de mes lectures) mais plutôt de la manière condescendante de juger cette série actuellement. D'une manière générale les classements de valeur sont arbitraires et dépendent beaucoup de la vision attachée à une époque. Ce qui était encensé à un moment donné peut devenir ridicule quelques années après, tomber dans l'oubli ou être redécouvert avec tapage bien plus tard. Ou est la vérité là -dedans ? ^^
Sinon, oui le studio Vandersteen travaillait et produisait comme des mangaka "classiques". C'était de la grosse production bon marché et destinée à être rentabilisée au maximum. Mais si les quelques premières dizaines de tomes étaient bons, (certains étaient même excellents) les plus récents n'ont plus aucun intérêt. Ca se vend encore un peu, mais m'est avis que ce genre de production est bien fini.
A moins que ça ne redémarre avec l'influence des mangas. Rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme
Mais bon, ça m'étonnerait. Le public est devenu beaucoup trop exigeant.
Tiens je me demandais. Les petit bouquins en N/B avec un papier de très mauvaise qualité qu'on achetait pour quelques centimes français (ou francs belges) rempli de bd américaines et destinées à un public très ciblé (femmes, jeune filles, enfants, garçons, hommes) ça existe encore? Je dois avoir une caisse à la cave pleine de "Kid Carson", "Vampirella" et autres "Tartine". Arf, le nom de l'auteur n'était même pas crédité. |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 01/11/06 10:40 Sujet du message: Re: Réponse |
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Manuka a écrit: | on utilise parfois le terme de franco-belge pour décrire toute la bande dessinée européenne. Cela peut biaiser certaines choses. |
C'est vrai que c'est une généralisation abusive que je faisais il y a encore peu de temps or c'est une erreur. On ne peut pas qualifier ainsi les fumetti ou la BD scandinave (par exemple). C'est pour ça que je les ai écarté de ma comparaison, au même titre que le comics.
Mais les passerelles entre franco-belge et fumetti sont nombreuses, ne serait-ce que par le biais des fameuses petites BD "de gare" dont parle Marie et qu'on appelle maintenant "Petit format" (d'ailleurs, il faut que j'achète le BDM 2006 qui les intègre en partie). J'en ai brièvement parlé ici même dans le chapitre IV â?? La BD franco-belge des années 80 à nos jours. Il y a un mois, à ma grande surprise, j'ai trouvé dans le rayon librairie d'un hyper le numéro de septembre de Cap'tain Swing des éditions Mon Journal. Cela signifie que les PF (Petit Format) n'ont pas disparu avec l'arrêt de Semic comme je le pensais. Il reste encore un résistant.
En plus de renvoyer à la page de Wikipédia fr, je vais donner quelques éléments de réponse à la question de Marie. J'ai trouvé quelques traces de Kit Carson en PF, un comics qui a pourtant connu une longue carrière en kiosque qui s'est achevée durant les années 80. Concernant Vampirella, j'ai eu un peu plus de facilité à trouver. Il semble qu'il s'agisse d'un comics dont certaines histoires ont été rééditées par Soleil il y a quelques années. Pour Tartine, c'est du fumetti, une série dessinée par Giulio Chierchini qui a beaucoup travaillé pour le studio Disney italien.
Et c'est vrai que savoir qui dessinait dans les PF revèle souvent de la recherche fanatique car les auteurs n'étaient jamais crédités.
En tout cas, plonger dans le monde des PF permet de voir que la BD est bien plus protéiforme que ce qu'on peut s'imaginer et que le manga en francophonie ne va rien inventer ni révolutionner. De toute façon, il commence déjà à être en crise sérieuse et certains éditeurs francophones sont en train de se restructurer pour essayer de survivre dans le monde du manga. Je pense que 2007 va voir disparaître certains d'entre eux (pour des éditeurs spécialisés en manga/manhwa) ou abandonner le créneau (pour des éditeurs plus généralistes). Mais j'anticipe sur mon texte sur les conditions économiques du manga en francophonie (hé hé, un peu de teasing ).
Marie a écrit: | Le public est devenu beaucoup trop exigeant. |
Tu es bien gentille de dire ça, je n'ai franchement pas l'impression que le public du manga est exigeant, bien au contraire . Je parlerais plutôt d'effet de "mode". La diffusion de la BD par le biais des kiosques a été une "mode" mais elle est passée. Le manga est actuellement à la "mode" chez les jeunes mais pour combien de temps ? _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
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Ténia de Bulledair |
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Manuka Mangaversien·ne

Inscrit le : 26 Juin 2004 Localisation : dans le Tea tree !
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Posté le : 01/11/06 22:30 Sujet du message: Re: Réponse |
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herbv a écrit: |
Mais les passerelles entre franco-belge et fumetti sont nombreuses, ne serait-ce que par le biais des fameuses petites BD "de gare" dont parle Marie et qu'on appelle maintenant "Petit format" ../.. |
Oui, seulement tu le dis et, l'air de rien, tu ne nous donnes pas d'exemple. .
Par contre, tu montres bien qu'il faut s'armer de patience pour déméler le comics du fumetti dans les PF
herbv a écrit: | En tout cas, plonger dans le monde des PF permet de voir que la BD est bien plus protéiforme que ce qu'on peut s'imaginer et que le manga en francophonie ne va rien inventer ni révolutionner |
Oui, c'est en tout cas la conclusion à laquelle je suis arrivé pour l'instant... _________________ Emmène Lucy Hole dans un ciel de diamants. © |
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XaV Mangaversien·ne
Inscrit le : 30 Mai 2006 Localisation : Paris
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Posté le : 02/11/06 06:11 Sujet du message: Re: Réponse |
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herbv a écrit: | En tout cas, plonger dans le monde des PF permet de voir que la BD est bien plus protéiforme que ce qu'on peut s'imaginer et que le manga en francophonie ne va rien inventer ni révolutionner. (...) Je parlerais plutôt d'effet de "mode". La diffusion de la BD par le biais des kiosques a été une "mode" mais elle est passée. Le manga est actuellement à la "mode" chez les jeunes mais pour combien de temps ? |
Je suis d'accord sur le fait que le manga, en tant que format de diffusion / rythme de parution n'apporte rien de fondammentalement nouveau, mais il me semble important de souligner que cette "non-nouveaute" s'effectue a grande echelle, dans un contexte editorial franco-belge ou la pre-publication a disparu.
Au vu des comportements de vente observes sur la deuxieme moitie de l'an dernier (cf. un certain article sur du9), les manga comblent en partie ce besoin intense de renouvellement frequent, avec en plus une disponibilite et une visibilite importante.
On est bien loin de la diffusion quasi-confidentielle et vaguement honteuse qui entoure les petits formats, avec de surcroit une qualite d'impression qui laisse souvent a desirer (attention les doigts).
Pour ce qui est de l'effet de mode, je pense qu'on est en train de suivre une seconde iteration d'un cycle qui etait present durant Dragon Ball et les debuts de J'ai lu en manga (pour schematiser, je n'ai pas les dates precises en tete), ou l'on avait eu Tonkam et tout un tas de petits editeurs specialises se lancer sur l'animation / le manga (sans toujours avoir les droits, par ailleurs), cherchant a surfer sur la vague.
On avait eu une croissante forte tout du moins du nombre de titres disponibles, qui avait atteint une forme de saturation avant d'entrer dans une phase de consolidation -- les editeurs ayant fait les mauvais choix disparaissant, d'autres se repositionnant ou se faisant racheter, d'autres encore emergeant comme les futurs leaders.
Hollywood connait ce meme genre de phase.
Les causes sont principalement ce que tu mentionnes, l'effet de mode. Et beaucoup de gens ne voient qu'un effet de mode, et se depechent de suivre le mouvement pour en profiter, sans forcement comprendre quels sont les veritables moteurs et les veritables raisons du succes.
A mon sens, le manga est la pour rester, mais il va se produire une phase d'epuration, durant laquelle certaines experiences ou approches bancales -- car par trop opportunistes ou mercantiles, voire simplement de mauvaise qualite -- vont rencontrer un mur.
(desole pour l'absence d'accent, j'envoie ca d'un cybercafe japonais) |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 04/11/06 10:55 Sujet du message: Re: Réponse |
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Manuka a écrit: | Oui, seulement tu le dis et, l'air de rien, tu ne nous donnes pas d'exemple. |
Tu as tout à fait raison mais je n'ai pas le temps mais surtout pas le courage de développer ce point et de l'étayer d'exemples. Ce n'est pas une attitude très rigoureuse de ma part (alors que je suis si prompt à dénoncer un tel comportement) et je te prie de m'en excuser. Mais on s'écarterait trop du sujet initial.
Pour ceux qui désirent approfondir le sujet, je les renvoie à http://www.fumetti.org/ où ils pourront trouver une énorme masse d'informations. Hier soir, j'ai passé pas mal de temps sur le projet I.N.D.U.C.K.S. à m'amuser à retrouver les histoires de Mickey ou de Donald d'origine italienne que j'avais pu lire il y a de nombreuses années.
XaV a écrit: | A mon sens, le manga est la pour rester, mais il va se produire une phase d'epuration, durant laquelle certaines experiences ou approches bancales -- car par trop opportunistes ou mercantiles, voire simplement de mauvaise qualite -- vont rencontrer un mur. |
Je suis tout à fait d'accord avec l'ensemble de ton message qui apporte une précision que je n'avais pas exprimé sur le fait que le manga correspond aussi à une attente de lecture. Mais là , il n'y a rien de neuf, on l'a déjà observé au milieu des années 90. Et pour moi aussi, le manga ne va pas disparaître du paysage francophone de la BD, il y est définitivement intégré.
Mais un peu à l'instar des comics dans les années 80 (mais en plus important), après une vague tenant d'après moi à un certain effet de mode (j'y étais, je m'en souviens bien ), les ventes de comics sont devenues nettement plus confidentielles, les éditions Lug n'y survivant pas. Le marché du manga ne va peut-être pas refluer, mais à tout le moins se stabiliser. D'ailleurs, c'est ce qu'il se passe actuellement. La baisse des ventes moyennes au volume observée par tous les éditeurs montre bien que le marché est arrivé à saturation et qu'il ne va plus croître. Surtout que la plupart des éditeurs s'enferment sur une logique de niche et se replient sur la base actuelle au lieu d'aller chercher un autre public. Il faut dire que ce n'est pas simple, l'échec de la collection Sakka en est un exemple frappant, Casterman décidant de lancer une collection à destination des ados. Certains éditeurs sont exsangues et se réorganisent pour survivre en 2007. Et tous augmentent leurs prix de vente afin de restaurer une marge commerciale indispensable à leur présence dans ce secteur. Mais cela ne va pas dans le bon sens car le porte-monnaie des ados n'est pas extensible (celui des adultes non plus) et cela va participer à encore faire baisser les ventes moyennes au volume. J'AI LU n'était qu'un précurseur, je pense que d'autres vont suivre la voie en 2007 et abandonner le manga.
Après, qui peut réllement dire ce qu'il en sera dans 10 ans... Quelle sera la place du manga dans la BD européenne ? Impossible de le dire d'autant plus que le manga va mal au Japon même depuis plus de 10 ans. Et comme l'a rappelé Tanuki dans un autre sujet, la crise (et les mutations qu'elle engendre) n'est pas terminée. _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 11/11/06 14:07 Sujet du message: Réponse |
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Laotzi a écrit: | D'abord, j'avoue n'avoir pas très bien compris si tu considères que le gekiga ne correspond qu'aux kashibon manga ou bien si des oeuvres que l'on cite souvent en référence comme exemple, comme Golgo 13 ou Lone wolf and club, en font parties ou bien qu'il s'agit seulement d'oeuvres qui en sont les héritières ? |
Avec un peu de retard (il y a 2 mois, "je verrais à répondre à Laotzi sur le gekiga dans une ou deux semaines" puis il y a 3 semaines "je pense développer une réponse dans la matinée de demain, le temps de relire quelques textes et d'organiser une réponse complète"), je me décide à répondre à Laotzi sur le gekiga, histoire de clore la partie historique (en ce qui me concerne).
Laotzi, si tu n'as pas bien compris ma position sur le gekiga, c'est surtout parce que je n'ai plus un avis aussi tranché qu'il y a quelques temps et que j'ai essayé d'avoir ici un avis plutôt neutre sur la question. Résultat, j'ai été trop flou sur ce point lorsque j'ai abordé le sujet. Il faut dire que le gekiga ne se laisse pas mettre dans une petite boite facilement.
S'il est facile de dater les origines du gekiga et les raisons de son apparition, il est nettement plus délicat de le définir avec précision. Si je me suis essayé dans ce sujet à le présenter mais pas à le définir, c'est que je n'ai trouvé aucune définition me convenant et que je n'ai pas encore réussi à en écrire une trouvant grâce à mes yeux. Le gekiga peut prendre des formes multiples, un peu à l'instar du yaoi, je pense, et ne pas se limiter à Tatsumi, Tsuge ou Sampei. Malheureusement, ma méconnaissance du manga de l'époque des kashibonya et de Garo ne me permet pas d'avoir une idée bien arrêtée. Je suis incapable de confirmer ou d'infirmer ce que je pense par des recherches personnelles directement aux sources. Si j'ai toujours tendance à penser que c'est un genre éditorial qui est né dans le cadre des kashibonya , s'est développé dans Garo, on ne peut peut-être pas le limiter à ces deux supports de publication. D'abord parce que je pense qu'il n'y avait pas que du gekiga de disponible dans les kashibonya, que le principe du magazine de prépublication n'y était pas développé et qu'ensuite Garo était ouvert à toutes les autres formes de manga, à commencer par le kowai, notamment sous sa forme extrême de l'eroguro (au passage, le kowai pose peut-être un peu le même problème de classification car il me semble qu'il s'agit d'un "genre" avec ses propres publications).
Je commence même à me demander si l'éditeur Leed avec ses 2 magazines Comic Ran et Comic Ran Twins n'est pas le dernier dépositaire du gekiga avec la série Golgo 13 (après tout, Sampei la présente ainsi et du coup, je le rejoindrais sur ce point au lieu de parler de coup marketing) et les oeuvres d'Hirata. Donc, ma position a notablement évolué sur ce point. Mais présenter le gekiga comme un sous-genre ou un mouvement esthétique me semble trop réducteur et ignorer qu'il s'est limité à une diffusion bien précise. Bref, si je ne suis pas clair dans mon historique du manga, c'est que je n'ai pas encore tranché la question de la définition dans mon esprit.
Et il y a aussi la question de la liberté créatrice de l'auteur. Doit-on la prendre en compte ou pas ? Le fait de travailler pour un éditeur majeur comme Shôgakukan (par exemple) empêche-t-il de faire du gekiga ? Après tout, Sampei a quitté le monde du shônen à cause de toutes les contraintes que cela supposait. Donc, être publié dans un des Big Comic (par exemple) en faisant soit-disant du gekiga, n'est-ce pas de facto faire du seinen ressemblant plus ou moins à du gekiga ? Un jour, j'aurais peut-être le courage de m'attaquer à cette question afin de pouvoir (ou ne plus pouvoir) affirmer que Lone Wolf and Cub n'est pas du gekiga mais un seinen. Quand je m'attaquerai à la réécriture de la fiche sur Wikipedia fr, je pense (nan, parce qu'elle fait vraiment trop pitié )... _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
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Den Mangaversien·ne

Inscrit le : 31 Oct 2003 Localisation : in translation
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Posté le : 11/11/06 19:07 Sujet du message: |
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Citation: | Donc, être publié dans un des Big Comic (par exemple), n'est-ce pas de facto faire du seinen ressemblant à du gekiga ? Un jour, j'aurais peut-être le courage de m'attaquer à cette question afin de pouvoir (ou ne plus pouvoir) affirmer que Lone Wolf and Cub n'est pas du gekiga mais un seinen. |
Je ne comprends pas du tout ces phrases...
En quoi le gekiga et le seinen manga s'opposent-ils ?
Ou plutôt, pourquoi les considérer comme comparables ?
Ce sont plutôt des critères parallèles à mes yeux.
Je vais ici reprendre ce qu'écrit Fusanosuke Nastume dans Manga wa naze omoshiroi no ka, pour aborder le sujet par un biais un peu laissé de côté jusqu'à maintenant : le trait.
gekiga (劇画) est littéralement "l'image dramatique", qui tire son nom et son origine de son opposition au Story manga représenté dans les années 1960 par Tezuka. Or, il s'agit également du opposition au niveau du dessin : il se caractérise par un rejet du style rond et net de Tezuka, et lui préfère un dessin au G-Pen, "rude et énergique".
De la même manière, je réaffirme ici un point sur lequel je reviens souvent mais qui semble échapper à beaucoup d'entre nous, c'est que le nekketsu manga se caractérise lui aussi par un trait particulier, extrêmement rude, anguleux et épais (et facile à parodier).
A partir de ce point, on peut voir que le gekiga a ouvert la voie à un certain type de BD, mais que d'une manière plus large, il est un mouvement qui a permis à d'autres auteurs de réaliser des oeuvres ni tezukiennes ni forcément gekiga, des oeuvres dans lesquelles le trait était, disons, libéré.
Et ce raisonnement me semble s'appliquer à l'ensemble des critères. L'opposition gekiga/manga tezukien a donné naissance à la possiiblité de se situer entre eux.
C'est dans ce sens que le gekiga a ouvert la voie au seinen manga.
herbv a écrit: | Le fait de travailler pour un éditeur majeur comme Shôgakukan (par exemple) empêche-t-il de faire du gekiga ? |
Tu penses à Takao Saito publiant Survival dans le Shonen Sunday ?
Mais il s'agit clairement d'une oeuvre post-gekiga. C'est-à dire une oeuvre où on peut parfaitement imaginer qu'un manga aux traits durs, au thème sérieux (la survie c'est pas rigolo) peut s'adresser aux collégiens.
Est-ce que Survival appartient au courant gekiga ?. Il en a des caractéristiques. Mais ce qui est sûr, ce que c'est un shônen manga. Il en respecte d'ailleurs des critères éditoriaux de manière éclatante (âge du héros, progressivité de son niveau de compétence, etc.). _________________ Radio Nova, la radio préférée de Gally. |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 11/11/06 19:18 Sujet du message: Réaction |
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Intéressante remarque concernant le trait que tu fais bien de rappeler. Dans l'Art invisible, Scott McCloud consacre une partie de son ouvrage sur la signification, la symbolique du type de dessin utilisé.
Sinon, je ne pensais pas particulièrement à Survivant mais c'est bien trouvé, merci.
Den a écrit: | En quoi le gekiga et le seinen manga s'opposent-ils ?
Ou plutôt, pourquoi les considérer comme comparables ? |
Je ne cherche pas à les opposer ou comparer mais les catégoriser. Et j'en arrive à la conclusion que l'état de mes connaissances ne me le permet pas pour le gekiga (comme pour d'autres types de manga). Et c'est pour ça que les discussions (le découpage de cheveux en 4, même ) sur le forum me sont si précieuses (je ne suis qu'un petit scarabée sans maître ).
Le but de tout cela ? Tout simplement pouvoir argumenter à l'encontre des erreurs grossières de catégorisation que je vois si souvent un peu partout et qui nous mettent le gekiga à toute les sauces. _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
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