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cosmos Mangaversien·ne

Inscrit le : 02 Sept 2002 Localisation : Suspended between being a nobody, nothing and everything.
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Posté le : 03/08/06 16:36 Sujet du message: Re: Réponse |
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XaV a écrit: | Je reste toujours frappé par la manière dont les conventions liées au manga ou à l'anime font preuve d'une sorte de désir d'absorber l'ensemble d'une certaine pop-culture japonaise, depuis la musique jusqu'au Cosplay ... c'est tout un ensemble de codes culturels au sens large qui sont ainsi embrassés. |
Alors, ce n'est qu'une interprétation sans doute un peu foireuse qui vaut ce qu'elle vaut, mais la voici quand même. Dans les mangas, il n'est pas rare qu'on trouve des références très précises à des éléments la vie quotidienne ou à la culture du pays. Que ce soit les plats, les vêtements, ce qui a trait à l'école (avec ses uniformes, ses clubs et tout ce qui fait que c'est différent de l'école en Occident) ou bien les créatures du folklore traditionnel, il y a tout un tas d'éléments typiquements japonais qu'on retrouve souvent. Même dans des oeuvres plus fantastiques et moins ancrées dans la réalité, où on aura quand même des personnages qui mangeront des boulettes de riz comme casse-croûte ou qui s'habilleront comme des chanteurs de Jpop.
A force de voir revenir ces éléments exotiques, cela peut titiller la curiosité et donner envie d'en savoir plus sur le pays lui-même. Bon, y a peut-être aussi l'approche "comme les mangas cé tro bien et que le Japon c'est le pays des mangas alors le Japon cé tro bien kyaaaaaah je veux y vivre Gackt épouse-mouaah" :love: :love: :love: :bave: :bave:[/fangirl] ^^ Ce dont tu parles répondrait à cette envie.
En effet, autant j'ai souvent eu envie d'en savoir plus sur certains aspects du Japon en lisant des mangas, autant ça ne me l'a jamais fait en lisant des oeuvres occidentales, ou coréennes. Pour les premières, c'est peut-être qu'il n'y a aucun côté exotique et fascinant qui joue, et en général c'est peut-être parce qu'on ne retrouve pas (ou moins) les éléments dont je parlais plus haut. _________________ "Dude, I accept the truth of your lived experiences, and I'm not going to tell you that your feelings were wrong." Squirrel Girl |
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XaV Mangaversien·ne
Inscrit le : 30 Mai 2006 Localisation : Paris
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Posté le : 03/08/06 16:57 Sujet du message: Re: Réponse |
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cosmos a écrit: | A force de voir revenir ces éléments exotiques, cela peut titiller la curiosité et donner envie d'en savoir plus sur le pays lui-même. |
Que cela donne envie d'en savoir plus, pourquoi pas. Mais il me semble que l'on dépasse largement l'intérêt pour aller vers l'indentification, ou, pour certains, vers une volonté de définir son identité par l'adoption d'un champ référentiel culturel exclusivement japonais -- du genre à ne plus écouter que de la J-Pop, à ne regarder que des drama, à renier tout ce qui n'est pas "made in Japan", afin de s'affirmer comme différent.
Mais c'est un autre sujet ...
Par contre, il est à noter que c'est (de manière plus générale et moins extrémiste) quelque chose qui s'était également produit à la fin du 19e siècle avec la découverte de l'Art Japonais -- cf. les quelques peintures japonisantes de Van Gogh ou la collection d'estampes dans la maison de Claude Monet. Le début du 20e siècle s'étant ensuite intéressé aux Arts Primitifs/Premiers.
Pour revenir à la bande dessinée, les raisons de l'intérêt pour le manga du point de vue des auteurs sont, à mon avis, dans la différence extrême qu'il s'y trouve. Les influences américaines ayant eu le temps d'être digérées et intégrées, l'arrivée du manga a été un choc à plusieurs niveaux:
- narratif: décomposition de l'action, nombreuses séquences muettes, cadrages très cinématographiques.
- thématique: imaginaire nippon (notamment pour la SF dans un premier temps), formule des shônen, puis plus tardivement l'introduction d'oeuvres destinées aux filles.
- formel: petits formats noir et blanc, 200 pages dans un volume.
- périodique: publication rapide et régulière, plus une forme de démesure éditoriale de la part des éditeurs qui se sont rapidement mis à sortir beaucoup trop de titres que le marché ne pouvait en absorber.
- tarifaire: prix plus bas.
Voilà quelques premiers éléments, réflexion à suivre ... |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 03/08/06 17:09 Sujet du message: Manga et BD franco-belge |
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Magic Fukai a écrit: | J'ai laché une caisse qui a fait fuir tout le monde? |
Je ne sais pas, je n'ai rien senti. Mais je n'ai pas d'odorat de toute façon . Et il faut laisser un peu de temps aux posteurs sur ce sujet, comme vient de le montrer la réaction de XaV. Sinon, Magic Fukai, ton message sur l'influence sur les auteurs de BD du cinéma américain remplaçant ainsi celle de la BD américaine me semble assez pertinente mais j'avoue ne pas avoir les connaissances pour rebondir dessus ou l'inclure dans ma réflexion. Mais n'hésite pas à développer si tu le souhaites, ça serait certainement très intéressant surtout avec XaV ne partageant pas tout à fait la même opinion . En attendant, je reviens à mon texte historique qui s'est un peu trop développé par rapport à mes prévisions.
Une petite histoire des deux BD (II - La BD franco-belge des années 45-70).
Cette partie est consacrée à la période de la bande dessinée franco-belge allant dâ??après guerre jusquâ??au début des années 80. Elle est développée un peu plus longuement que prévue pour permettre de mieux comprendre certaines évolutions qui seront abordées ultérieurement. Un travail équivalent sera effectué sur le manga. Enfin, la période « années 80 â?? 2000 » viendra conclure cette (longue) partie historique.
Après la seconde guerre mondiale, la bande dessinée franco-belge va prendre son indépendance vis-à -vis de son homologue américaine. Pour ma part, je pense que la généralisation du superhéros dans la BD aux USA nâ??a pas rencontré grand écho en Europe et quâ??ainsi elle a perdu son pouvoir dâ??influence. On pourra peut-être aussi y voir les résultats dâ??une certaine loi votée en 1949. Chacune part donc de son côté, et au-delà des cas particulier de tel ou tel auteur, ce nâ??est que récemment que les « retrouvailles » ont eu lieu au niveau des éditeurs. Mais revenons à lâ??immédiat après-guerre, c'est-à -dire en 1946-1949.
La renaissance d'après guerre
En France, de nombreuses revues de bandes dessinées qui avaient du cesser leur parution durant la guerre réapparaissent sous un format similaire. Câ??est ainsi que les revues comme Aventures, CÅ?urs Vaillants, Lâ??épatant (tout dâ??abord sous le nom du Journal des Pieds Nickelés avant de retrouver son nom), Fillette, Hurrah (qui est paru un temps sous le nom de Tarzan), Lâ??intrépide, Le journal de Mickey, La semaine de Suzette, etcâ?¦ réapparaissent. Par contre, en Belgique, un monument comme Le petit vingtième ne sâ??en relèvera pas. Tintin viendra le remplacer à partir de septembre 1946. Il faut noter le cas particulier du Journal de Spirou qui ne connu pas dâ??interruption réelle. Ces deux dernier magazines privilégient à lâ??époque les auteurs belges, allant même jusquâ??à créer ce que certains appelleront ensuite les écoles de Bruxelles (lieu où était situé la revue Tintin), plutôt orientée aventure, et de Marcinelle (lieu où est situé lâ??éditeur Dupuis), plutôt humoristique. Un peu avant, en 1945, les lecteurs français avaient vu arriver de nouvelles revues de bande dessinée comme Coq Hardi et Vaillant (qui se transformera plus tard en Pif-Gadget) qui privilégiaient les auteurs français. Bref, tout semble repartir comme avant. Mais en 1949, une loi sur les publications destinées à la jeunesse (encore en cours) vient compliquer fortement la vie de tous les éditeurs de périodiques en mettant en place de nombreuses contraintes, notamment en les obligeant à avoir une majorité de rédactionnel et non plus seulement de la BD. Le véritable but de cette loi était-il de protéger la jeunesse de la débauche en faisant disparaître la bande dessinée des journaux pour la jeunesse comme certains semblent le penser ou simplement faire barrage à la bande dessinée dâ??origine étrangère ? On ne peut pas dire que le résultat ait été atteint dans le premier cas mais de nombreuses revues vont disparaître durant les années 50. En tout cas, cela les obligea à changer de formule (pagination plus importante, arrivée dâ??un rédactionnel plus développé, etcâ?¦), ce qui ne pouvait alors que les fragiliser.
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Presque homonymes, ces deux revues d'après guerre ne proposaient pourtant pas le même contenu, la première étant d'obédience catholique et la seconde communiste. Coeur Vaillant avait survécu à la guerre mais pas à la modernisation des mentalités, devenant J2 dans les années 60 avant de se transformer en Formule 1 en 1970. L'agonie durera encore quelques années avant de fusionner avec un autre magazine pour devenir Triolo. Belle persévérance dans la bande dessinée pour la jeunesse de l'éditeur Fleurus, en partie à l'origine du groupe Média-participations qui a racheté Dargaud, Le Lombard et Dupuis, ses principaux concurrents des années 60. Pour Vaillant, l'histoire aura différente. Intimement lié au parti communiste français et au journal l'Humanité, il deviendra progressivement Vaillant, le journal de Pif avec "Pif" en véritable titre, puis tous simplement Pif Gadget avant de disparaître en 1993. Un peu plus de 10 ans après, le magazine a connu une renaissance sous la forme d'un mensuel qui se contente de vivoter gentiment. Vaillant/Pif a proposé des séries importantes dans l'histoire de la BD comme Corto Maltese (mais qui changera vite de support, ne plaisant pas trop à la direction du magazine) et Gai Luron (qui partira pour Fluide Glacial).
Le boom des années 60
Par contre, les années 60 seront celles dâ??un nouvel âge dâ??or des revues de bandes dessinées en France (normalement, ce terme dâ??âge dâ??or fait référence aux années 30 à 40), notamment avec lâ??arrivée de Pilote (créé par des auteurs qui ne voulaient pas "faire du Tintin") et de la réussite de Tintin, du Journal de Spirou ou encore du Journal de Mickey. Des trois premiers cités, de très nombreux auteurs vont émerger par le biais de séries à succès. Outre lâ??incontournable Tintin de Hergé, il faut rappeler la réussite commerciale de la série Astérix (R. Goscinny / A. Uderzo), la bande dessinée la plus vendue au monde (plus de 310 millions d'albums vendus). La liste des séries issues de cette époque (et qui connaissent encore pour la plupart un fort succès même si leur lectorat a un peu changé) serait trop fastidieuse à faire et à lire, je me contenterais de citer Achille Talon (Greg), Alix (Jacques Martin), Blake et Mortimer (Edgar P. Jacobs), Blueberry (J.M. Charlier / Jean Giraud), Boule et Bill (Dupa), Buck Danny (J.M. Charlier / Hubinon), Gil Jourdan(Maurice Tilleux), Gaston Lagaffe (Franquin), Les Schtroumpfs (Peyo), Lucky Luke (Morris), Spirou et Fantasio (principalement Franquin), Valérian (P. Christin / J.C. Mézière), etcâ?¦
Sur un scénario de l'immense Jean-Michel Charlier, Blueberry va proposer aux lecteurs de Pilote une série de Western abandonnant un certain manichéisme qui prévalait jusqu'ici dans le genre et va révéler un auteur qui aura une profonde influence sur la bande dessinée, et pas seulement française ou belge, lorsque Jean Giraud deviendra Moebius pour s'adresser à un autre public.
Typique de la tonalité humoristique du Journal de Spirou, Gaston Lagaffe est une création d'André Franquin. Cette BD est typique d'un type de parution de l'époque qui consistait à faire des gags d'une bande, d'une demi-page ou d'une page complète. Il n'était pas question ici de faire des histoires à suivre. Mais la série a été un tel succès qu'elle s'est vite retrouvée compilée en album cartonnés. Par contre, pour s'y retrouver dans les différentes éditions de la série Gaston, il faut être un expert, entre l'album 0 (mais pas d'album 1 à l'époque), la numérotation R1 à R4, la double numérotation, les versions publicitaires Total, etc...
Une nouvelle forme de bande dessinée
Une nouvelle forme de diffusion de la bande dessinée se développe durant cette période. Les magazines Tintin, Spirou, Pilote (et les autres) prépublient un certain nombre de séries à raison de une à quatre (rarement plus) planches par semaine et sortent périodiquement celles qui rencontrent le plus de succès en albums reliés (dâ??une taille de 48 ou 64 pages avec une couverture souvent cartonnée mais beaucoup dâ??albums existaient aussi en broché avec une couverture souple). Une partie de la bande dessinée, en digne héritière des daily strips américain des origines se présente dans ces revues sous la forme de gag dâ??une bande, dâ??une demi page ou dâ??une page entière. Mais le principe devient celui de la série à suivre qui raconte une histoire pouvant aller jusquâ??à correspondre à un album complet, voire deux. La couleur se généralise (par exemple, vers la moitié des années 60 pour le Journal de Spirou). Avant, une moitié était en couleur, une autre moitié était en bichromie, souvent avec la couleur rouge. De plus, les trois principales revues sâ??adossent à des éditeurs spécialisés dans lâ??album de bande dessinée. En effet, Tintin est lié à lâ??éditeur Le Lombard (Dargaud en France) alors que le Journal de Spirou est édité par Dupuis et que, assez rapidement, Dargaud met la main sur Pilote. La prépublication des séries dans les revues avec pour but de les sortir ensuite en album devient ainsi petit à petit la règle, imposant ainsi un format qui perdure toujours auprès du grand public. Ainsi, on est assez proche de ce qui se passe au Japon (prépublication des séries dans des magazines avant une sortie en relié des séries les plus appréciées) et très loin du système américain qui repose alors essentiellement sur une publication sous la forme de petits fascicules mensuels sans quâ??il nâ??y ait de sortie en album par la suite (ce nâ??est quâ??assez récemment que le format graphic novel est apparu, proposant une Å?uvre originale ou reprenant en format relié des parutions issues de la presse ou de comic books). Devant une telle évolution, la plupart des revues disparaissent petit à petit, ne laissant que les trois principales subsister Jâ??exclue ici le Journal de Mickey qui avait décidé de rester sur une forme dâ??édition plus "classique" en ignorant les sorties en album (ici, un album désigne une reliure éditeur représentant une compilation dâ??invendus assemblés sous une couverture cartonnée) et se consacrant principalement au matériel issu des studios Walt Disney. Jâ??en fais de même avec dâ??autres revues comme celles de lâ??éditeur S.P.E. (Lâ??Epatant, Fillette, entre autres) qui ne sortait en version reliée à couverture souple que quelques séries (par exemple : Les Pieds Nickelés, Bibi Fricotin, Lâ??espiègle Lili), le reste étant souvent issu de la bande dessinée anglaise et nâ??avait pas le droit à une édition reliée. Il nâ??est malheureusement pas possible de rendre ici toute la diversité qui existait à lâ??époque mais elle est loin de se limiter aux trois grandes revues dâ??après guerre et à leurs albums cartonnés.
Lâ??espiègle Lili fut une des dernières bandes dessinées à s'adresser réellement aux jeunes filles avant de disparaître en 1984. Mais elle aura fait preuve d'une belle longévité, apparaissant dès 1909 dans la revue Fillette. En tout cas, elle aura bercé l'imaginaire de nombreuses lectrices.
La revue Tintin a connu pendant un certain nombre d'années deux éditions, une belge, éditée par Le Lombard et une française, éditée par Dargaud (certaines de ses séries paraissant ensuite en album chez Casterman, les choses n'étaient pas aussi simple que pour le Journal de Spirou). La différence de contenu ne se faisait pas sur les bandes dessinées mais sur le rédactionnel qui était différent d'un pays à l'autre.
La révolution des années 70
Il faut aussi noter que lâ??essentiel de la bande dessinée franco-belge sâ??adressait à lâ??époque principalement aux enfants et adolescents (15 ans et moins), un peu à lâ??image de ce qui se passait aux Etats-Unis et au Japon. Avec les années 70 et lâ??évolution de la société vers plus de liberté, la bande dessinée franco-belge va connaître une nouvelle évolution, mai 1968 étant passé par là . Rejetant une BD estimée sclérosante, un certain nombre dâ??auteurs quittent Pilote (Fred, Bretécher, Gotlib, Mandryka, Druillet, Tardi, etc..) pour créer leur propre support, et vont sâ??exprimer dans une série de nouvelles revues, généralement mensuelles. Câ??est ainsi que Métal Hurlant, (à suivre) mais aussi Circus, Charlie Mensuel, Fluide Glacial, Lâ??écho des savanes vont se développer. De tous ces titres seul Fluide Glacial existe encore sauf si on estime que Lâ??écho des savanes est assimilable à une revue de bandes dessinées. Le développement de la BD adulte se fait en suivant différents axes. Pour simplifier, il y a celui du sexe avec Lâ??échos des savanes et la deuxième version de Charlie Mensuel, celui de la liberté créatrice, notamment graphique, avec Métal Hurlant, celui de la liberté narratrice avec (à suivre), celui de lâ??humour impertinent avec Fluide Glacial, celui dâ??un certain classicisme mais pour un lectorat plus âgé comme Circus. Ainsi attaquées sur leur contenu typiquement BD, les revues de bande dessinées (que lâ??on appellera donc classiques) comme Pilote (qui passe mensuel dans les années 70) ; Tintin (dont lâ??édition française est arrêtée par Dargaud en 1975) et Le journal de Spirou subissent aussi la concurrence de la presse yé-yé (centrée sur la chanson populaire) sur leur rédactionnel. Seul le dernier survivra, les deux autres disparaissant dans les années 80. Mais il reste de ces années 70 un grand bouleversement du paysage de la bande dessinée franco-belge, de nombreux auteurs partant à la découverte des limites de leur médium et pas seulement dans les revues dites pour adulte. Pilote aura fait aussi beaucoup dans ce sens. Un autre évolution, et pas des moindres, vient aussi du fait que des auteurs deviennent plus importants que leurs séries, développant ainsi la notion de BD dâ??auteur. Ainsi, câ??est leur nom que lâ??on retient le plus souvent et non pas celui de leur personnage à succès. On notera donc tout particulièrement les noms de Alex Barbier (Lycaons), Claire Bretécher (Les Frustrés), Druillet (Loan Sloane), Fred (Philémon), F'Murrr (Le Génie des Alpages), Gotlib (Les Dingodossiers), Moebius (Arzach), Tardi (Adèle Blanc-Sec), Pichard (Paulette), Hugo Pratt (Corto Maltese), Reiser (Gros dégueulasse), Wolinski (Je ne pense qu'à ça)
Pilote n'a pas été que la revue d'Astérix, de Tanguy et Laverdure, de Blueberry, d'Achille Talon mais aussi de Philémon, des Dingodossiers, de Cellulite, de Lone Sloane, du Concombre masqué (transfuge de Pif-Gadget) et de bien d'autres...
Arzach, de Moebius, aura un impact considérable sur la bande dessinée dans le monde entier, notamment en influençant Otomo qui proposera une véritable ruputure avec le manga sous influence de Tezuka. Mais j'y reviendrais plus en détail un peu plus tard. Dans l'immédiat, je ne peux que conseiller d'aller lire sur le site du9 les textes de JessieBi concernant Arzach.
Petit ajout bibliographique sur lâ??histoire de la BD:
- Thierry Groensteen - La bande dessinée, une littérature graphique - Les essentiels Milan - 2005
- Le site BD Oubliées
- La base de données BD Gest' _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair |
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Marie Mangaversien·ne

Inscrit le : 10 Oct 2002 Localisation : Belgique
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Posté le : 03/08/06 17:47 Sujet du message: Re: Réponse |
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XaV a écrit: | Pour revenir à la bande dessinée, les raisons de l'intérêt pour le manga du point de vue des auteurs sont, à mon avis, dans la différence extrême qu'il s'y trouve. Les influences américaines ayant eu le temps d'être digérées et intégrées, l'arrivée du manga a été un choc à plusieurs niveaux: ... |
Oui, à la différence des bd venues dâ??autres horizons, le manga proposait quelque chose de réellement novateur, parfaitement rôdé et efficace. Les bd venant dâ??Afrique, dâ??Asie ou de pays de lâ??est, possèdent leurs particularités et parfois beaucoup de créativité, mais rien de fondamentalement original. Attention, ce nâ??est peut-être quâ??une question de temps, le temps quâ??il faut pour sâ??affranchir des influences extérieures et prendre de lâ??assurance. Cette assurance et cette personnalité puissante sont caractéristiques des mangas par contre, câ??est sans doute ce qui leur a permis de sâ??imposer avec autant de force.
Pour ajouter de l'eau au moulin de certains commentaires précédents, il est effectivement dommage de voir de jeunes dessinateurs fans des bd du soleil levant, recopier servilement un style et un mode de vie quâ??ils appréhendent mal. Alors quâ??il serait bien plus profitable d'analyser puis dâ??intégrer à son patrimoine culturel les qualités jugées intéressantes afin d'éviter de stagner dans sa propre culture. N'est-ce pas ce que font d'ailleurs beaucoup de grands mangakas? Mais après tout, ce n'est peut-être aussi qu'une question de temps  |
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XaV Mangaversien·ne
Inscrit le : 30 Mai 2006 Localisation : Paris
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Posté le : 03/08/06 19:05 Sujet du message: Re: Réponse |
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Marie a écrit: | Pour ajouter de l'eau au moulin de certains commentaires précédents, il est effectivement dommage de voir de jeunes dessinateurs fans des bd du soleil levant, recopier servilement un style et un mode de vie quâ??ils appréhendent mal. Alors quâ??il serait bien plus profitable d'analyser puis dâ??intégrer à son patrimoine culturel les qualités jugées intéressantes afin d'éviter de stagner dans sa propre culture. N'est-ce pas ce que font d'ailleurs beaucoup de grands mangakas? Mais après tout, ce n'est peut-être aussi qu'une question de temps  |
Une question de maturité, principalement. C'est après tout un système qui existe depuis la nuit des temps en Art, donc pourquoi pas en bande dessinée ? Simplement, le grand écart est plus impressionnant lorsqu'il s'agit d'une jeune allemande en train de produire du Shôjo pur jus, par rapport à découvrir un énième émule de Franquin.
On repère ensuite les vrais auteurs dans le sens qu'ils arrivent à dépasser leurs sources d'inspiration, pour arriver à quelque chose de personnel. |
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adorya Mangaversien·ne
Inscrit le : 07 Mai 2004
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Posté le : 03/08/06 19:13 Sujet du message: Re: Réponse |
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Marie a écrit: |
Pour ajouter de l'eau au moulin de certains commentaires précédents, il est effectivement dommage de voir de jeunes dessinateurs fans des bd du soleil levant, recopier servilement un style et un mode de vie quâ??ils appréhendent mal. Alors quâ??il serait bien plus profitable d'analyser puis dâ??intégrer à son patrimoine culturel les qualités jugées intéressantes afin d'éviter de stagner dans sa propre culture. N'est-ce pas ce que font d'ailleurs beaucoup de grands mangakas? Mais après tout, ce n'est peut-être aussi qu'une question de temps  |
Je pense que l'art de pouvoir faire objectivement une analyse poussée sociale et culturelle d'un genre de technique que l'on impregnerai dans "la sienne" (bien que le fait d'habiter un pays ne veut pas forcément dire que la technique utilisée doit obligatoirement provenir de celui-ci : par expl. un français qui dessine doit-il se faire taxer de "franco-belge"? Que penser alors des artistes des mouvements de peinture comme l'impressionisme ou l'art abstrait?) est un art difficile, et même dans le milieu professionnel il n'est pas légion de trouver des auteurs qui sachent scénariser, dessiner et (accessoirement) mettre en couleur une bande dessinée.
La délégation de tâche étant maintenant monnaie courante, il faut être prudent lorsque l'on parle d'un auteur de telle ou telle bande dessinée.
La même chose est de mise pour le comic et le manga, avec la particularité quand même pour ce dernier d'avoir des "attachés d'éditeur", qui sont un maillon supplémentaire dans cet industrie au japon.
Il existe un bon nombre d'illustrateurs ou de fanzineux qui ont bien intégré leur passion à leur propre culture, mais il ya quelque temps de cela peu d'entre eux voulaient passer le cap vers la bande dessinée car le format des principaux éditeurs français ne le permettait pas (et de plus dans ce monde cruel peu d'élus arrivent à s'y enrichir).
L'apparition d'éditeurs voulant tenter le format japonais (Humano, Delcourt) a permis à certains d'entre eux de tenter leur chance mais il est encore trop tot pour en tirer des conclusions. |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 03/08/06 19:22 Sujet du message: Oui |
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Oui, pour ma part, je ne m'inquiète pas trop, la qualité relative (pour être gentil, je ne parlerais pas de médocrité ) ou la servilité souvent rencontrée dans les ersatz européens de "mangas" reculera quand les spécificités du manga seront mieux intégrées au fur et à mesure que le temps passera. Déjà , on a des exemples intéressants avec, par exemples, JD Morvan (Sillage), Vanyda (L'immeuble d'en face), Moonkey (Dys). _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
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Ténia de Bulledair |
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Marie Mangaversien·ne

Inscrit le : 10 Oct 2002 Localisation : Belgique
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Posté le : 03/08/06 19:30 Sujet du message: Re: Réponse |
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adorya a écrit: | Je pense que l'art de pouvoir faire objectivement une analyse poussée sociale et culturelle d'un genre de technique que l'on impregnerai dans "la sienne" (bien que le fait d'habiter un pays ne veut pas forcément dire que la technique utilisée doit obligatoirement provenir de celui-ci : par expl. un français qui dessine doit-il se faire taxer de "franco-belge"? Que penser alors des artistes des mouvements de peinture comme l'impressionisme ou l'art abstrait?) est un art difficile, et même dans le milieu professionnel il n'est pas légion de trouver des auteurs qui sachent scénariser, dessiner et (accessoirement) mettre en couleur une bande dessinée. |
Ah oui bien sûr, il faut du temps pour arriver à ce résultat, des années même. Les erreurs et le travail de découverte et de défrichage des premiers servent de tremplin pour les suivants et ainsi de suite, jusquâ??à la maturité dont parle Xav. Bref, on en est encore loin ^^
Je trouvais seulement dommage de voir certains sâ??entêter à vouloir reproduire exactement la même chose (un style très formaté et basique le plus souvent) et obtenir un résultat hybride sans personnalité.
Une bd ce nâ??est pas comme une peinture, il ne suffit pas de se plonger dans une influence venue d'ailleurs. Le dialogue, les actions, les réactions quâ??elle contient sont révélateurs de notre éducation et de la culture qui la façonnée. C'est a dose variable, mais il n'y a pas moyen de l'éviter complètement.
La bd européenne est très métissée, elle lâ??a toujours été, mais elle possède malgré tout un caractère qui correspond à notre manière de penser, qu'on le veuille ou non. Mais tout ça évolue, ce qui est la preuve de sa vitalité 
Dernière édition : Marie le 03/08/06 20:36; Edité 3 fois |
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Corti Mangaversien·ne

Inscrit le : 31 Mai 2006 Localisation : Sous la pluie... C'est pas dur de trouver où.
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Posté le : 03/08/06 19:30 Sujet du message: |
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Juste une petite remarque sur le post de herbv qui a confondu Dupa et Roba....
Roba est le pôpa de Boule et Bill, tandis que Dupa est le papa de Cubitus.
Mais post très intéressant. C'est amusant de voir que les BDs franco-belges fonctionnaient comme les mangas fonctionnent aujourd'hui ( prébu et sortie album suivant cas) _________________ (ou pas ?)
"That Others May Live" -- Rescue Wings |
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Manuka Mangaversien·ne

Inscrit le : 26 Juin 2004 Localisation : dans le Tea tree !
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Posté le : 03/08/06 20:50 Sujet du message: |
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(Annexe I )
Vous remarquerez deux choses.
D'abord Herbv écarte sciemment certaines productions BD comme "Sylvain et Sylvette". Je ne parle pas des albums Dargaud/Lombard mais bien des Fleurus originaux. (Fleurus est un éditeur dâ??obédience catholique)
Ces Fleurus sont des albums format à l'italienne, nommés les "Fleurettes". Ils commencent à paraître dès 1953 jusqu'à 1986. Ils sont dès le début en quadrichromie avec une impression très fine (presque de meilleure qualité de certaines BD actuelles). Il ne sont pas épais, une trentaine de pages. Et on en dénombre environ 220 sur, donc, environ 50 ans. En réalité, en raison d'un jeu de rééditions, on peut réduire le nombre à 180 tomes différents.
Certaines histoires furent regroupées en « Super Fleurette ». Gros albums à l'italienne, en N&B cette fois, réunissant des histoires à suivre ainsi que des jeux et autres remplissages.
Le prix des Fleurettes couleurs était assez modique (toute proportion gardée â?¦) et celui des Super Fleurette plus encore. Les histoires étaient au kilomètre (successions de péripétie qui sâ??étendent sur plusieurs tomes, sans réellement fin ni conclusion).
Une diffusion active, un prix modique, des recueils N&B etc. Cela aide à garder en mémoire que le format 48CC, format à la française, diffusion lente, nâ??a jamais été le seul format de référence. Mieux encore, à la fin des années 50, Fleurus sâ??est essayé à ce format 48CC pour faire des albums â?¦ « de luxe », preuve sâ??il en était besoin que ce format ne coulait pas de source.
Beaucoup dâ??entre nous ont pu lire ses vieux Sylvain et Sylvette. Les aimer, câ??est autre chose. Cela dit, il reste assez connu, malgré le temps. Voir http://www.bulledair.com/index.php?rubrique=serie&serie=sylvain_sylvette
Parmi les Fleurette, il y a aussi les Perlin (et Pinpin). Sans doute moins connu de tous. Mais la série a tout de même eut une revue à son nom (Perlin, donc)
Remarquons quâ??on oppose souvent cette production dite catholique (CÅ?urs vaillants, âmes vaillantes) à la production dite communiste (Vaillant, Pif). (Câ??est à qui sera plus vaillant que lâ??autre !)
Deuxièmement, Herbv reste assez francocentré. Il ne parle pas de Bob et Bobette et de ses spin-off ainsi que lâ??ensemble des BD Erasme/Standaart (Chevalier Rouge, Bessy â?¦)
Ce sont des BD dâ??origine flamandes. Le format reste classique mais la rythme de diffusion était (et est toujours) intensif : environ 230 albums (sans compter les très nombreux albums publicitaires dont lâ??histoires est originale). Originale est une façon de parler car on considère souvent B&B comme bas de gamme tant dans le dessin que dans lâ??histoire. Reste quâ??après 50 ans, la série existe toujours â?¦ et dans le même format.
http://www.bulledair.com/index.php?rubrique=serie&serie=bob_bobette
Un rythme nerveux, un peu plus de pages quâ??un Sylvain & Sylvette, déjà certains charmes du manga, non ?
Bon bien sûr, cela est également vrai pour les Pieds Nickelés, destinés aussi à un public dit populaire
Enfin nâ??oublions pas lâ??initiative de Dargaud qui dès la fin des années 70, a lancé une collection 16/22. 16cm sur 22cm, câ??est le format des albums. Albums à couverture souple. Les histoires sont soit des rééditions (les planches sont alors recadrées pour loger sur 70 pages souvent) soit originales.
A lâ??heure où lâ??on revoit des Corto Maltese en format quasiment de poche, il est bien de se rappeler que ce nâ??est pas une démarche nouvelleâ?¦ _________________ Emmène Lucy Hole dans un ciel de diamants. © |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 06/08/06 23:23 Sujet du message: Manga et BD franco-belge |
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Tu as raison, Manuka, mais je ne peux pas parler de tout. C'est aussi pour cela que le sujet est ouvert aux autres participations
Bon, attaquons-nous à un autre gros morceau de mon analyse : Résumer l'évolution du manga pendant la période qui va de l'après-guerre jusqu'à la fin des années 70. J'ai été deux fois trop long mais tant pis...
Une petite histoire des deux BD (III - Le manga des années 45-70)
Le redémarrage de lâ??après guerre.
Après la fin de la Seconde guerre mondiale, le Japon, sous occupation américaine, est en pleine reconstruction. Cela nâ??empêche pas la réapparition dâ??un certain nombre de magazines et journaux (notamment satiriques) selon la formule quâ??ils avaient avant-guerre. Le yonkoma est toujours une des formes principales du manga, comme le montre le début, en 1946, de la série Sazae-San créée par une femme, Machiko Asegawa, une des premières à percer dans un monde quasi-exclusivement masculin. Voilà déjà une première petite révolution. Certaines séries comme Fuku-san de Ryûichi Yokoyama ou Norakuro de Shiho Tagawa continuent à paraître, sans avoir connu d'interruption donc, et dâ??autres comme Bôken Dankichi de Keizô Shimada reprennent. Ce mouvement est principalement tokyoïte car les privations et le coût assez élevé des magazines pour enfants ne permettent pas au manga de reprendre la place importante quâ??il avait eue avant le conflit et seuls les gros éditeurs de la capitale ont pu survivre. Mais cela nâ??empêche pas les revues mensuelles de se multiplier petit à petit, lâ??une dâ??entre elles, Manga Shônen, se mettant même à ne publier que de la bande dessinée en 1947. Parallèlement, de nombreux petits éditeurs locaux feront leur apparition avec une production à très bas coût destinée, entre autres, au circuit des kamishibai. Il sâ??agit là dâ??un art populaire ancien, une sorte de spectacle de rue où des images étaient montrées à un public composé dâ??enfants, tout en étant contées en voix off. Un certain nombre dâ??auteurs exercèrent dans les années 50 pour ce type dâ??édition ainsi que dans le circuit des librairies de prêt, certains dâ??entres eux seront même à l'origine d'une des révolution du manga avec la naissance du gekiga. Mais jâ??y reviendrai plus tard. En 1947, un jeune étudiant en médecine, Osamu Tezuka, propose à un des éditeurs dâ??Osaka spécialisé dans les mangas à très faible coût, les akabon. A la diférence des magazines bien établis de la capitale, ceux-ci étaient nettement moins exigeant en terme de qualité et dâ??académisme. C'est ainsi que sort un manga qui va révolutionner le genre : avec Shin Takarajima (La nouvelle île au trésor), le manga allait connaître une modernisation sans précédent.
Le kamishibai est une sorte de spectacle de rue qui a connu le succès au Japon entre les années 1920 et 1950. Le conteur était aussi un vendeur de sucreries, c'est comme ça qu'il gagnait sa vie. Parcourant les villages et les banlieues avec sa bicyclette équipée à l'arrière dâ??une sorte de scène qui servait à passer les illustrations de son histoire, il laissait les enfants qui lui avaient acheté des bonbons regarder la représentation, généralement composée de deux ou trois épisodes à suivre dâ??un kamishibai. Il ne racontait jamais lâ??histoire entièrement dâ??un coup, laissant ainsi ses spectateurs attendre impatiemment son passage la semaine suivante.
Cet exemplaire du mensuel Manga Shônen a la particularité dâ??avoir une couverture illustrée par Yasuji Mori, un des pères fondateurs de lâ??animation japonaise, avec Kenzo Masaoka et Sanae Yamamoto, lorsquâ??ils oeuvrèrent au sein de la société Nippon Doga au début des années 50. Mais câ??est surtout au sein de la Toei quâ??il prendra toute son importance.
La révolution Tezuka
Passionné par le dessin pendant son adolescence, émerveillé par les films (notamment ceux dâ??animation de Walt Disney) arrivés au Japon avec lâ??occupant américain, Osamu Tezuka voulait faire de lâ??animation. Mais en 1946, cela demande des moyens impossibles à réunir en cette époque de reconstruction et de pénurie. Il se met alors à dessiner des mangas. Sa première création est un yonkoma Machan no Nikkichô qui paraît dans un magazine local pour enfant. Et câ??est en 1947 que la révolution Shin Takarajima paraît chez un éditeur d'akabon. En proposant un graphisme plutôt rond, révélant ainsi ses influences disneyenne, et une narration totalement différente de ce que lâ??on pouvait voir jusquâ??ici, la série se distingue des productions de lâ??époque et le succès sera immédiat. Loin des scénettes figées proposées alors par la plupart des mangas de lâ??époque, La nouvelle île au trésor (Å?uvre encore inédite en francophonie, même dans sa version refaite de 1984) propose un dynamisme vu dans les films occidentaux, principalement dâ??origine américaine. Et câ??est sur un rythme endiablé que Tezuka continue à sortir allègrement yonkoma, histoires courtes ou récits complets (généralement sortant directement en volume) à commencer par King Kong, inspiré par le film éponyme de 1933. En quelques années, il touche à tout, du Japon médiéval à la science fiction en passant par les récits dâ??aventures et même le western. De nombreux auteurs dâ??akabon le copient alors plus ou moins servilement, certains allant jusquâ??à le plagier purement et simplement. Par toutes ces Å?uvres, il a déjà influencé la bande dessinée japonaise au point de lâ??avoir définitvement transformée alors quâ??il nâ??a pas encore 25 ans. Mais câ??est avec les années 50 quâ??Osamu Tezuka va prendre la stature qui fera de lui le "dieu du manga", lorsquâ??il quittera le monde des akabon pour celui des éditeurs de magazines de la capitale.
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(Cliquer sur les images pour avoir les illustrations en plus grand et complètes)
Lorsque Tezuka a créé Shin Takarajima (La nouvelle île au trésor), le titre faisait 250 planches. Mais à sa sortie 1947en akabon, il ne faisait plus que 60 pages, lâ??éditeur ayant copieusement taillé dans les planches pour réduire la taille de lâ??histoire. Lâ??illustration de droite montre lâ??ensemble des cases (ici, redessinées pour la réédition de 1984) correspondant aux deux premières pages de la version akabon visible à gauche.
Les années 50-60 et lâ??essor du manga
Durant cette décennie, le paysage éditorial et commercial du manga va connaître de profonds bouleversements avec le succès du manga dâ??aventure "à la Tezuka" et le développement des magazines pour la jeunesse, certains se consacrant exclusivement à la bande dessinée. Enfin et surtout le passage à un rythme hebdomadaire et non plus exclusivement mensuel en 1956 aura de profondes répercussions. Lâ??économie japonaise est en plein essor et le marché du magazine pour la jeunesse est en plein envol. Tout cela va participer à lâ??éclosion dâ??une génération dâ??auteurs qui marquera son époque comme Fujio-Fujiko (il sâ??agit du pseudonyme de deux auteurs qui créeront quelques années plus tard la série Doreamon), Fujio Akatsuka (considéré comme le maître du manga comique grâce à sa série Tensai Bakabon), Ishinomori (surnommé le "roi du manga" grâce à aux nombreuses adaptations en animé ou en sentaï de ses séries comme Cyborg 009), Leiji Matsumoto (à lâ??époque, il faisait du shôjo sous son véritable prénom), Testuya Chiba (à lâ??origine des mangas de base-ball, mais il est aussi le dessinateur, sur un scénario dâ?? Asao Takamori, de la série Ashita no Jô qui aura profondément marqué son époque, notamment par sa fin). Dans les années 60, on voit aussi arriver une nouvelle vague dâ??auteurs comme Keiji Nakazawa (Gen dâ??Hiroshima), Gô Nagai (Devilman) et Moto Hagio (une des grandes célébrités féminines du manga shôjo, considérée comme la "Tezuka du genre"). Ils sâ??expriment, entre autres, dans les publications de lâ??éditeur Kôdansha (qui lance lâ??hebdomadaire Shônen Magazine en 1959, précipitant ainsi la fin de leur mensuel historique Shônen Club qui disparaîtra en 1962), de Shueisha (notamment les magazines Shôjo Ribon en 1955 et Margaret en 1963, le célèbre hebdomadaire Weekly Shônen Jump nâ??apparaissant quâ??en 1968) ou de Shôgakukan (qui lance aussi en 1959, à lâ??imitation, son hebdomadaire à destination des adolescents, le Shônen Sunday). Câ??est aussi dans cette période que le système dâ??édition de recueils reliés dâ??histoires prépubliées dans les magazines fait son apparition, ce qui modifiera profondément le monde de lâ??édition de la bande dessinée japonaise.
Doreamon est la série phare de Fujio-Fujiko. Il sâ??agit dâ??un duo dâ??auteurs qui était installé dans lâ??immeuble de Tokisawo, le pensionnat pour mangaka créé par Tezuka et où Ishimori exerçait aussi. A noter que câ??est Hiroshi Fujimoto qui a continué seul la série sous le pseudonyme de Fujiko F. Fujio après la séparation des deux auteurs en 1987.
Publié par la Shōgakukan depuis 1959, l'hebdomadaire Shônen Sunday a accueilli en son sein les plus importants mangaka en terme de ventes comme Osamu Tezuka, Mitsuru Adachi, Rumiko Takahashi ou Gôshô Aoyama. Mais ces locomotives nâ??ont pas réussit à enrayer le déclin du magazine qui se poursuit depuis de nombreuses années.
Le manga moderne se met en place
Câ??est pendant les années 60-70 que le marché du manga tel que nous le connaissons finit de se mettre en place. Câ??est en 1955 qu'apparaissent les premières collections de bandes dessinées rééditant dans un format poche les séries prépubliées dans les magazines. Il sâ??agit du format tankôbon, à peu près de la taille dâ??un livre de poche chez nous et dâ??environ 200 pages. Le phénomène sâ??accélérera au milieu des années 60 et continuera son développement durant les années 70, devenant ainsi le système standard de lâ??édition de bande dessinée : La prépublication puis une édition reliée réservée aux séries à succès. Il est intéressant de noter que, durant cette période des années 50-70, sâ??est développé au Japon un système de publication qui existait depuis très longtemps en France et en Belgique. Mais ces derniers vont lâ??abandonner petit à petit, jusqu'à la disparition dâ??une véritable prépublication reposant sur les périodiques dans les années 80. Il faut dire que la France nâ??a jamais été un grand pays consommateur de presse, à la différence du Japon. Il ne faut pas non plus oublier que la population japonaise représente pas loin du double de la population européenne francophone, ce qui a permis le développement dâ??un marché plus important, donc plus facilement viable. Et la télévision ne jouera pas le même rôle au Japon car au lieu de réduire le public des lecteurs de bande dessinée, il lâ??amplifiera. En effet, dès le milieu des années 50, le Japon a vu apparaître des dessins animés nationaux, produits par des studios comme Toei. En 1961, Osamu Tezuka fonde sa propre société de production, la Mushi Productions, qui va adapter pour la télévision ses mangas les plus connus comme Le roi Léo et Astro, le petit robot. Ainsi, il gagne une plus grande liberté pour réaliser les Å?uvres car travailler pour Toei lâ??avait laissé très insatisfait sur ce point. Grâce à lâ??énorme succès quâ??il rencontre avec ses séries, y compris à lâ??exportation pour les versions animées, le manga sera de plus en plus systématiquement adapté en dessins animés pour le petit écran. En baissant énormément les standards de qualité de lâ??animation de lâ??époque pour les rendre compatible avec les coûts et les délais compatibles avec une diffusion télévisuelle, Osamu Tezuka va, là aussi, révolutionner le monde du manga. Cette fois, par le biais de lâ??animation. Enfin, à la fin des années 60, une autre révolution va sâ??opérer dans le manga avec lâ??apparition du gekiga, ce qui donnera par la suite naissance à une autre catégorie éditoriale : le seinen. En effet, les premiers magazines dédiés aux jeunes adultes (lycéens et étudiants) font leur apparition en 1967 pour se développer durant les années 70. Câ??est ainsi que le Manga Action Weekly de lâ??éditeur Futubasha et le magazine Com édité par la Mushi Productions naissent en ciblant les 18-30 ans. Lâ??année dâ??après, ça sera au tour du formidable bimensuel Big Comic de Shôgakukan dâ??apparaître sur le marché (qui se déclinera au fil du temps en plusieurs versions comme le Big Comic Spirit ou le Big Comic Original). La segmentation du public se fait de plus en plus précise, chaque publication cherchant à toucher tel ou tel lecteur (ou lectrice) en multipliant les revues à leur attention.
Ah! Seishun no Kôshien en version tankôbon : cette série de Mitsuru Adachi, prépubliée dans le magazine shôjo Flowers de Shogakukan est typique de lâ??orientation quâ??a pris le monde du manga. Sans que ça soit un grand succès, elle a droit à une édition reliée dans la collection Flower Comics de lâ??éditeur. On voit ici la couverture du premier volume en version tankôbon (il y en aura 7 en tout). Vingt ans après, la série ressortira en 4 volumes en version bunko (on parle aussi de bunkoban). Il existe aussi un autre format, plus luxueux, mais réservé aux plus grands succès, le format wideban. Urusei Yatsura (Lamu) sera la première série à connaître une réédition à ce format. Le format Aizôban est plus rare, il sâ??agit dâ??une sorte dâ??édition collector, plus luxueuse.
Câ??est par le biais de la version animée que Gô Nagai est connu en francophonie. Goldorak a soulevé ici les mêmes problèmes que lâ??Å?uvre générale de lâ??auteur au Japon. En effet, en faisant largement appel à la violence et même à lâ??érotisme dans un certain nombre de ses séries publiées dans le Shônen Jump, il a été lâ??objet dâ??attaques et de polémiques, comme lâ??aura été Tezuka en 1972. Gô Nagai a été aussi un de ceux qui a poussé le plus loin possible la notion dâ??industrialisation du manga en créant Dynamic Productions afin de porter ses Å?uvres pour le petit écran, allant même jusquâ??à créer Goldorak pour pouvoir répondre à une demande du fabriquant de jouets Bandaï qui voulait surfer sur la vague du succès des robots géants dans les mangas.
Les kashibonya, le gekiga et Garo
Mais revenons un peu en arrière. Conjointement avec le développement au début des années 50 des akabon, ces mangas à petits prix et mal rémunérés, se situant à lâ??écart des histoires issues des revues ou journaux basés à Tokyo, regroupant la soi-disant élite des auteurs, une autre forme de diffusion du manga va progressivement se développer. De nombreux dessinateurs vont ainsi trouver une autre source de diffusion et de profits (même si leur travail était très mal payé) pour pouvoir exercer leur art. Pour contourner le problème du coût dâ??achat trop élevé des mangas, même quand il sâ??agissait dâ??akabon ou dâ??une simple revue mensuelle, un réseau de librairie de prêt, les kashibonya, va se développer à partir de la région dâ??Osaka, atteignant même le nombre de 300 000 au milieu des années 50. A noter que les éditeurs dâ??akabon se mettront à produire pour les kashibonya afin de se trouver un autre marché que celui, déclinant, du manga populaire à faible prix. Les librairies de prêt éditent donc leurs propres Å?uvres (kashibon manga), destinées non pas à être vendues mais louées. Toute une série dâ??auteurs majeurs viendront de ce circuit de distribution. Câ??est en 1957, en réaction aux mangas pour enfant et au style issu des séries de Tezuka, quâ??un nouveau genre de bande dessinée fait son apparition. Il sâ??agira du gekiga, terme inventé par Tatsumi. Ce nouveau style ne connaîtra le succès quâ??à partir de 1965. Mais lâ??influence du gekiga sera énorme, jusquâ??à faire évoluer profondément lâ??Å?uvre de Tezuka. Ce nouveau genre de manga (on peut considérer quâ??il sâ??agit bien d'une catégorie autonome, quoique disparue, au même titre que le shônen, le shôjo ou le yaoi (plus tard) puisque reposant sur son propre système éditorial avec son propre circuit de distribution) veut privilégier lâ??aventure ou dépeindre une certaine réalité de la société, celle de la rude vie des gens du peuple, en les dessinant dans style réaliste (et non pas comique comme dans les Å?uvres pour enfants), tout en essayant dâ??éviter un trop grand manichéisme, notamment en ne cachant pas le côté noir du personnage principal de lâ??histoire. Le cinéma néoréaliste européen et le film noir américain, aussi bien au niveau des thèmes que de la narration, influenceront énormément les auteurs de gekiga. Ce mouvement est donc né au sein du circuit de distribution des librairies de prêt et va lancer nombre dâ??auteurs marquants comme Yoshiharu Tsuge (Lâ??homme sans talent) Yoshihiro Tatsumi (Daihakken, sorti en France en 3 volumes sous les noms de Coups dâ??éclat, Les larmes de la bête et Goodbye), Gôseki Kojima (la série Kozure Okami, plus connue sous son titre américain Lone Wolf and Cub, est parue dans la revue grand public Manga Action Weekly ), Takao Saito (Golgo 13, lui aussi ce titre aura connu le succès dans le Big Comic), Shampei Shirato (Kamui Den, série à lâ??origine de Garo), Hiroshi Hirata (sa série Satsuma nâ??est pas un kashibon manga, elle non plus). Mais lâ??économie florissante du début des années 60 va porter un coup fatal au marché de la location de mangas, le public ayant les moyens de les acheter et non plus de les louer. De ce fait, en 1963, les éditeurs fournissant les kashibonya ont pratiquement tous disparu alors que leurs meilleurs auteurs se retrouvent à publier dans les grands magazines comme le Shônen Magazine de Kodansha. Ce dernier leur avait ouvert grandes ses portes afin de lutter contre ses concurrents qui avaient pris le dessus, ce qui aura été une grande réussite commerciale. Mais un certain nombre dâ??auteurs ne sont pas satisfaits par les contraintes éditoriales qui résultent dâ??être publié dans un hebdomadaire commercial. Câ??est alors quâ??un magazine quâ??on appellerait maintenant indépendant ou alternatif, originaire du monde des kashibonya, Garo, voit le jour en 1964. Pendant plus de trente ans, il permettra à de nombreux auteurs de débuter et de sâ??exprimer beaucoup plus librement quâ??ils ne lâ??auraient pu faire autrement, enrichissant considérablement ainsi le manga.
Voilà à quoi ressemble la couverture dâ??un kashibon manga. Il sâ??agit là de la première Å?uvre de Tesuya Chiba, sortie en 1956 et racontant lâ??histoire vengeresse dâ??un bossu, avant quâ??il ne passe professionnel. Il avait alors 16 ans.
(cliquer sur l'image pour la voir en plus grand)
La quasi disparition des éditeurs de kashibon manga combinée au refus dâ??un certain nombre dâ??auteurs de se plier aux contraintes dâ??une édition hebdomadaire dans une revue pour jeunes a eu pour résultat la création de Garo. En effet, Shampei Shirato connaissait le succès avec ses séries publiées dans le Shônen magazine. Mais il supportait assez mal de ne pas plus avoir la liberté quâ??il avait connue avec les éditeurs du réseau de kashibonya. Et câ??est pour sa nouvelle série, Kamui Den, que Katsuichi Nagai, ancien membre des kashibonya de Tokyo devenu éditeur, va créer Garo en 1964.
Et voilà pour aujourd'hui, suite et fin de l'historique des bandes dessinées franco-belge et japonaises dans une semaine. _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair |
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Laotzi Mangaversien·ne

Inscrit le : 07 Jan 2003 Localisation : Paris
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Posté le : 07/08/06 20:45 Sujet du message: |
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Bravo pour ce texte encore très intéressant et ce sujet plus globalement très alléchant. J'ai envie de réagir rapidement sur un point que tu abordes dans le précédent message, à savoir le gekiga. Je sais que l'on en a déjà parlé à une époque, mais peut-être dispose-tu de davantages d'informations et de précisions désormais (et puis la discussion en question n'est pas archivée...). D'abord, j'avoue n'avoir pas très bien compris si tu considères que le gekiga ne correspond qu'aux kashibon manga ou bien si des oeuvres que l'on cite souvent en référence comme exemple, comme Golgo 13 ou Lone wolf and club, en font parties ou bien qu'il s'agit seulement d'oeuvres qui en sont les héritières ? Or, comme elles ont été prépubliées dans des magazines seinen (Big Comic), cela pose signfierait que le gekiga ne se réduierait pas seulement aux mangas issus des librairies de prêt. En somme, si on voit bien comment le gekiga commence, il est plus délicat de voir tout ce qu'il englobe. Après tout, ça n'est qu'accessoire et il est vrai que cela ne change pas grand chose de considérer Golgo 13 comme un gekiga (même de la seconde époque) ou un manga qui en est l'héritier mais qui ne peut en être strictement rattaché...
Sauf que, par ailleurs, tu définis, sans doute à juste titre, le gekiga comme une catégorie éditoriale autonome, mais cela me gène un peu de le voir mis aux côtés du shônen, du shôjo ou du seinen, car ces catégories se basent avant tout sur des critères d'âge et de sexe. Or, le gekiga peut aussi être considéré, comme tu l'as dit, comme un mouvement esthétique historiquement daté. Je crois me rappeler que l'on avait eu du mal d'ailleurs lors de cette précédente discussion à dépasser cette aporie entre le mouvement esthétique historiquement défini mais qui ne serait pas dépendant d'une catégorie éditoriale précise et la catégorie éditoriale précise qui restreindrait alors son champ d'application...
Par ailleurs, mais j'anticipe peut-être un peu trop, mais il me semble que l'un des principaux apports du gekiga au niveau narratif est le fait qu'il s'agissait de longues histoires (les kashibon manga faisant, je crois, généralement plusieurs centaines de pages), tandis que les mangas traditionnels étaient généralement prépubliés, donc découpés en chapitres souvent courts, nécessitant des cliffhanger et un rythme narratif tout à fait différent. Les gekiga pouvaient ainsi se permettre d'avoir un rythme narratif plus lent, et par conséquent d'avoir un découpage encore davantage cinématographique et donc un rythme de lecture plus rapide.
Au delà de ça, il y a bien évidemment les aspects proprement thématiques (qui s'incarnent dans l'histoire des années 50/70) qui ont déjà été développés...
Finalement, puisque le sujet se veut comparatif, et pour ne pas être complètement hors-sujet, ne peut on pas, avec prudence et toute proportion gardée, établir un certain parallèle entre ce que tu appelles "la révolution des années 70" concernant la bd franco-belge et le développement du gekiga ? Mais aussi déceler de grandes différences (lesquelles ?) dans l'émergence de cette bande dessinée adulte dans les deux zones géographiques ? _________________ "Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. (...) Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse." Victor Hugo, Napoléon Le Petit. |
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Magic Fukai Mangaversien·ne

Inscrit le : 04 Mai 2006
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Posté le : 08/08/06 10:31 Sujet du message: Re: Manga et BD franco-belge |
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herbv a écrit: | Après la seconde guerre mondiale, la bande dessinée franco-belge va prendre son indépendance vis-à -vis de son homologue américaine. Pour ma part, je pense que la généralisation du superhéros dans la BD aux USA nâ??a pas rencontré grand écho en Europe et quâ??ainsi elle a perdu son pouvoir dâ??influence. |
Pour comprendre la situation de la bande dessinée dans l'immédiate après-guerre, je te conseille vivement la lecture de l'ouvrage de Pascal Ory "Le petit nazi illustré".
En filigrane, on y comprend bien que l'interdiction de la traduction des publications américaines durant l'occupation allemande a permis de fournir du travail à de nombreux dessinateurs français (particulièrement dans le magazine collaborationniste Le Téméraire) et a laissé le champ libre dès la libération au développement d'une grande production locale. D'une part parce que les bandes dessinées américaines n'étaient plus traduites depuis plusieurs années et d'autre part parce que les artistes collaborateurs furent dans l'ensemble très peu inquiétés par les opérations d'épuration. _________________ Je fais disparaitre des parapluies chez Patrick Sébastien. |
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herbv Modérateur

Inscrit le : 28 Août 2002 Localisation : Yvelines
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Posté le : 09/08/06 10:27 Sujet du message: Réponse |
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Magic Fukai, j'ai déjà entendu parlé de cet ouvrage, "Le petit nazi illustré", sans avoir pris l'occasion de le lire.
Effectivement, j'ai passé sous silence les magazines propagandistes français de la seconde guerre mondiale dont le magazine collaborationniste Le Téméraire est le meilleur représentant (mais il y en a eu d'autres comme Fanfan la tulipe). En tout cas, ça pourrait expliquer l'abandon progressif des BD d'origines américaines dans le magazine L'Audacieux (même si on n'ira pas accuser l'éditeur Del Duca d'être collaborationniste, vu le nombre de revues qu'il a prolongé en zone libre française jusqu'en 1942), tout simplment pour ne pas avoir trop de problème avec le gouvernement français et les autoritées allemandes. Mais je dois dire que je ne suis pas persuadé que ça ait une réelle influence sur l'évolution de la BD franco-belge d'après guerre vu que les principaux magazines sont ressortis sous une forme proche d'avant guerre et permettant de retrouver les séries amércaines interrompues. Je ne sais pas si Calvo peut être traité de collaborationniste quand il a été édité entre 1940 et 1944 dans la revue Les grandes aventures. Maintenant, je ne me fais aucune illusion sur l'attitude de la grande masse des français sous l'occupation allemande qui devait être assez loin de l'image du resistant (au moins passif) qu'on a peut-être voulu nous faire croire par la suite. Mais je dois avouer que je n'ai que très peu d'intérêt pour cette période de l'histoire et que je ne peux que dire des bétises dans ce sujet sans mieux l'étudier.
Pour Laotzi, je répondrais de façon détaillée à ma conception du gekiga en fin de semaine. Pour ce qui est du type de narration utilisée dans le gekiga, il y a une piste intéressante à étudier, mais je verrais ça en temps utile. Mais quelqu'un peut poster à ce sujet s'il le désire. Quand au parallèle entre les années 70 en Belgique et en France d'un côté, et au Japon de l'autre, j'ai prévu de le faire dans ma dernière partie. Là , je trouvais que j'en avais déjà trop écrit . _________________ Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair |
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Manuka Mangaversien·ne

Inscrit le : 26 Juin 2004 Localisation : dans le Tea tree !
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Posté le : 10/08/06 00:08 Sujet du message: Re: Réponse |
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Herbv, tout le monde ne connait pas forcément Calvo. Tout le monde ne sait pas en quoi prendre Calvo comme exemple est riche en symboliques.
C'est lui qui dessina "La bête est morte !" sur un scénario de Victor Dancette et Jacques Zimmermann. Quand est-ce que c'est sorti ? Entre 1944 et 1945.
Alors bien sûr ce n'est QUE le dessinateur, mais l'oeuvre et son message sont sans équivoque. (Et ce, même si la censure ne s'est pas abbatue dessus)
 _________________ Emmène Lucy Hole dans un ciel de diamants. © |
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